Taiwan Today

Alors que le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九], vient d’être réélu pour un second mandat et que le 18^e Congrès national du Parti communiste chinois va débuter à l'automne, profilant le changement à la tête de l’Etat chinois, le ministère des Affaires continentales a commandé un rapport d’évaluation de la situation entre les deux rives et des possibles directions que pourraient prendre les relations dans le Détroit. Selon le rapport publié mercredi dernier par une des commissions consultatives du ministère des Affaires continentales, il existe une très forte probabilité pour que la Chine continue de fonder sa politique de réunification sur les six points formulés par Hu Jintao [胡錦濤] dans son « message aux compatriotes de Taiwan » du 1^er janvier 2009. Selon les experts, cela est d’autant plus probable que la récente victoire de Ma Ying-jeou à l’élection présidentielle devrait contribuer à créer des conditions encore plus avantageuses pour le dialogue, dans la perspective de négociations politiques entre les deux rives que les experts perçoivent comme le résultat de contacts accrus entre les deux sociétés civiles. Au vu de l’évolution des facteurs déterminants de la politique de réunification de Pékin, les experts tirent la conclusion que la Chine ne jugera pas nécessaire, à court terme, de modifier le socle politique que forment les six points de Hu Jintao. Les six points tels qu’ils ont été formulés par le président chinois en janvier 2009 se résument de la manière suivante : adhésion au principe d’une seule Chine, renforcement des relations commerciales et négociation d’un accord économique, promotion des échanges individuels, promotion des racines culturelles communes, autorisation d’une participation « raisonnable » de Taiwan aux organisations internationales et négociation d’un accord de paix. Les experts du ministère estiment qu'il faut maintenir en place le cadre de le politique continentale de Taiwan qui se fonde de son côté sur le maintien du statu quo, la politique des « trois non » (pas de réunification, pas d’indépendance, pas de recours à l’usage de la force) et une promotion des relations entre les deux rives fondée sur le « consensus de 1992 » et dans le respect du principe de la priorité aux dossiers économiques au détriment des dossiers politiques, de la prise des décisions faciles pour remettre à plus tard les plus difficiles Pour les experts, enfin, la construction d'un consensus national dans la perspective de négociations politiques avec la Chine est impérative. Ces derniers ont suggéré de s’appuyer, pour ce faire, sur le cadre constitutionnel de la République de Chine. Le rapport recommande aussi la mise en place de canaux de communication transparents entre le Parlement, les partis d’opposition, les médias et la société civile afin de renforcer la position de Taiwan dans les négociations politiques avec Pékin. Toutefois, ont prévenu les experts, la construction d’un consensus national autour de ces questions risque d’être le principal défi auquel sera confronté l’île, d’autant que l’opposition ne reconnaît pas l’existence du « consensus de 1992 », l’accord tacite obtenu cette année-là à Hongkong entre les deux rives et selon lequel il n’existe qu’une seule Chine, chacun en conservant sa propre interprétation.