Economie
L’UE invite les entreprises taiwanaises à investir davantage en Europe
27/04/2012
Il est temps pour Taiwan d’investir davantage en Europe : tel était le message au cœur du séminaire organisé hier à Taipei par la représentation européenne dans l’île, en coopération avec les représentations de plusieurs Etats-membres et, côté taiwanais, du Bureau du commerce extérieur et du département des Services d’investissement (DOIS), au ministère de l’Economie.
Tout part d’un constat : les investissements de Taiwan dans l’Union européenne (UE) sont très inférieurs à ceux réalisés par ses principaux concurrents asiatiques, Corée du Sud et Chine en tête. « Les relations entre l’UE et Taiwan n’ont jamais été meilleures, a relevé Frédéric Laplanche, le directeur du Bureau économique et commercial européen à Taiwan (EETO), la représentation européenne dans l’île en l’absence de relations diplomatiques. Les échanges commerciaux bilatéraux progressent, l’exemption de demande de visa a été mise en place et l’Europe est le premier investisseur dans l’île avec plus de 30 milliards de dollars américains. Toutefois, les investissements taiwanais dans l’UE restent modestes, avec, selon les statistiques européennes, moins d’un milliard d’euros, ce qui fait peser un risque sur l’économie taiwanaise. » En comparaison, la Chine et la Corée du Sud ont en effet déjà investi 7 milliards et 14 milliards d’euros sur le sol européen, respectivement.
Reconnaissant que la Chine est la destination d’investissement la plus prisée des entreprises taiwanaises, Frédéric Laplanche a toutefois considéré qu’il était risqué de ne dépendre que d’un seul partenaire stratégique ou d’un seul marché. « Pour qu’une entreprise soit vraiment globale, elle se doit d’être présente ou d’opérer de manière substantielle en Europe », a-t-il estimé devant un parterre de plusieurs dizaines d’entrepreneurs taiwanais.
Invité à ouvrir les travaux, San Gee [單驥], le vice-ministre de la Planification et du Développement économiques, a pour sa part considéré que la présence taiwanaise en Europe était « sous-développée ». Il a par ailleurs renouvelé le vœu du gouvernement taiwanais de voir s’ouvrir « le plus vite possible » des négociations sur un accord de coopération économique avec l’UE. Un tel accord abaisserait les barrières douanières et non tarifaires, mais encouragerait également les entreprises taiwanaises à investir davantage en Europe », a-t-il défendu.
Interrogé pendant la journée sur les raisons de la faiblesse des investissements insulaires dans l’UE, le directeur adjoint du DOIS, Terry Lee [李聰貴], a évoqué la distance géographique, mais surtout culturelle, la Chine étant de ce double point de vue une destination d’investissement plus facile. Mais Chaney Ho [何春盛], le président du groupe Advantech, le leader mondial des plateformes électroniques, lui avait répondu par avance. Revenant sur les différentes étapes d’implantation de sa société en Europe, depuis 1984, il a insisté sur les atouts offerts par le vieux continent : main-d’œuvre hautement qualifiée, capacités d’innovation, habitude du multiculturalisme et multilinguisme… De plus, a-t-il insisté, l’Europe compte de nombres petites et moyennes entreprises qui sont fort similaires à leurs homologues taiwanaises. « Il est facile d’établir avec elles une relation de confiance », a-t-il ajouté.
Ce séminaire, le premier du genre à être organisé depuis plusieurs années, s’est poursuivi l’après-midi avec deux ateliers, consacrés aux opportunités d’investissement en Europe dans les secteurs des technologies de l’information et de la communication, et des industries vertes.