Les quatre pôles de compétitivité français dédiés à l’automobile organisent depuis plusieurs années des missions aux Etats-Unis, au Japon et en Chine à la recherche de partenaires pour le développement des véhicules électriques, mais ils ne s’étaient encore jamais déplacés à Taiwan, où l’accent est mis sur le développement de véhicules électriques « intelligents ». C’est désormais chose faite, avec la venue dans l’île, hier et aujourd’hui, d’une importante délégation française, à l’invitation d’Ubifrance, l’agence française pour le développement international des entreprises, et du Consortium de recherche automobile de Taiwan (TARC). Sept mois après la signature, à Paris, d’un
accord de coopération entre Taiwan et la France sur le développement de normes et technologies pour les véhicules électriques, cette visite de deux jours avait pour but de faire le point sur les tendances mondiales dans ce secteur mais aussi d’établir un contact direct entre une vingtaine d’entreprises et centres de recherche français et leurs homologues taiwanais. Première étape, un séminaire a attiré hier, au Centre international des congrès de Taipei, plusieurs centaines de représentants de constructeurs de pièces détachées, de fabricants de batteries, d’agences gouvernementales et de centres de recherche-développement (R&D) taiwanais. L’île dispose d’atouts dans le domaine des technologies de l’information et de la communication et fournit déjà des pièces détachées de très haute qualité pour véhicules électriques ou hybrides, a noté Jet Su [蘇評揮], conseiller du Bureau de développement industriel, au sein du ministère de l’Economie. Avec un objectif de 3 000 véhicules électriques en circulation l’an prochain dans le cadre de 10 programmes pilotes, Taiwan met l’accent sur les véhicules électriques intelligents, a expliqué Lee Chun-chung [李俊忠], vice-président du Centre technique d’informatique automobile (HAITEC), une filiale du groupe automobile taiwananais Yulon Motor. Cette ambition s’appuie sur des centres de R&D d’excellence et sur la mise en place, par le gouvernement, d’un cadre réglementaire et fiscal favorable au développement des véhicules propres, a-t-il ajouté. Côté français, Christophe Collette, directeur de Rhône-Alpes Automotive Cluster, a insisté sur le rôle déterminant joué par les pôles de compétitivité dans la mise en œuvre de projets de R&D, depuis la conception des moteurs et batteries jusqu’à la mise au point d’infrastructures de recharge et de réseaux électriques intelligents. Présentant la stratégie de Renault en matière de véhicules électriques, Nathalie Cornet a exprimé l’intérêt du groupe pour des coopérations avec des industriels taiwanais dans le domaine des batteries lithium-ion, lithium-air et métal-air, notamment. Des représentants du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), de Renault Trucks et de Schneider Electric Taiwan ont également exposé leurs réalisations dans ce secteur. « Nos interlocuteurs taiwanais n’ont pas la prétention de vouloir tout faire et affichent une stratégie claire. Il semble aussi plus facile de communiquer avec eux qu’avec les industriels chinois, par exemple, et nous espérons pouvoir les accueillir lors d’une prochaine édition du salon Mobilis organisé en Alsace et en Franche-Comté », confiait lors du séminaire Philippe Chican, directeur des programmes de R&D au Pôle Véhicules du Futur, dans l’est de la France. Aujourd’hui, la délégation française, composée pour moitié de petites et moyennes entreprises, devait visiter les installations de l’Institut de recherche sur les technologies industrielles (ITRI) et du groupe Delta Electronics.