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Les pics de Shei-pa

01/04/2008

>> On ne sait pas toujours, à l'étranger, que l'île tropicale de Taiwan renferme plus de deux cents sommets au-dessus de 3 000 m d'altitude, dont une cinquantaine concentrés dans le somptueux Parc national de Shei-pa

L'administration du Parc national de Shei-pa a annoncé le 8 janvier dernier l'ouverture au public de l'Aire récréative de Syuejian, qui s'ajoute ainsi à celles de Wuling et de Guanwu. « Cela faisait plusieurs années que nous envisagions d'ouvrir Syuejian, note Lin Ching [林青], son directeur. Mais cela n'a été pos sible qu'avec la remise en état de la principale voie d'accès au site, la route forestière de Sihmasian, qui avait été très endommagée par un typhon. Par comparaison avec Wuling et Guanwu, Syuejian est resté intact : on y trouve encore des animaux sauvages en abondance, et la culture des aborigènes Atayal qui y vivent est préservée. »

S'étalant sur une surface de 768,5 km2, le Parc national de Shei -pa se situe dans la partie centre-nord de Taiwan. Fondé en 1992, il est célèbre pour ses 51 sommets au-dessus de 3 000 m, dont les plus connus sont sans doute Hsuehshan (ou mont Syue) et Tapachien (ou Dabajian). Culminant à 3 886 m, Hsuehshan est le plus haut massif de Taiwan après le mont de Jade (Yushan) qui, lui, affiche 3 952 m. Quant à Tapachien, célèbre pour sa silhou ette caractéristique, il est considéré comme une montagne sacrée par les Atayal qui vivent sur ces terres.

Terre aborigène, Hsuehshan renferme des vestiges de l'époque coloniale japonaise (1985-1945). Chiu Ching-yao, un guide du parc national, travaille aussi de façon bénévole pour l'Association taiwanaise d'éveil à la nature. « Les ruines d'avant-postes militaires qui y sont encore visibles démontrent que Hsuehshan avait un rôle stratégique dans le contrôle des villages aborigènes,explique-t-il. Les Japonais attachaient une grande importance à la région pour le bois de qualité qu'on trouvait dans ses forêts. » Les camphriers et les cyprès, par exemple, ont à cette époque été systématiquement mis en coupe pour être expédiés au Japon

 

De gros efforts one été déployés pour préserver la pureté des eaux glacées des torrents de montagne.

La région recèle également une faune très riche, dit Chiu Ching-yao. Comme elle est restée isolée, la vie sauvage y est abondante. Les visiteurs seront étonnés d'y apercevoir des macaques formosans mais aussi des espèces rares comme le muntjac, un petit cervidé, quantité d'oiseaux dont l'aigle serpentaire et le sibia ou encore des batraciens protégés comme la grenouille de Swinhoe. Ainsi, malgré sa taille relativement réduite, « Syuejian est idéal pour les randonnées », dit le directeur du Parc national de Shei-pa.

Wuling et Guanwu ne sont pas dépourvus de richesses naturelles. Lin Ching cite le saumon d'eau douce formosan. Considérée comme un « trésor national », l'espèce ne se rencontre plus qu'à Wuling. Lin Ching explique que ce poisson s'est retrouvé emprisonné dans ces montagnes il y a des millions d'années, à la dernière ère glaciaire, du fait de l'évolution du relief insulaire. Le saumon ne survit que dans des eaux pures et froides. Or, la déforestation et le développement ont rompu l'équilibre de son habitat naturel. « Pour le sauver de l'extinction, dit le directeur du parc national, nous avons pris diverses mesures de conserva tion, dont la création de zones protégées où le nombre des visiteurs est limité, l'aménagement d'un passage pour les poissons et surtout l'établissement d'un centre de conservation qui leur est dédié. Le programme de reproduction artificielle mené dans ce centre a été une telle réussite que nous avons pu relâcher des poissons dans les torrents de Wuling. »

A Guanwu aussi, dit Lin Ching, on trouve des espèces rares, comme Impatiens devolii Huang, une balsamine endémique à Taiwan. Récemment, le personnel du parc a découvert une nouvelle espèce de salamandre qui a fait l'objet d'un documentaire signé par Chen Jin-fa [陳進發]. Baptisé A la recherche des espèces datant du Jurassique , le film a obtenu le Prix Remi de platine au 40e Festival international du film de Houston, aux Etats-Unis. « Ce prix a été une surprise totale, de même que la reconnaissance de nos travaux de conservation et de recherche », dit-il.

 

Une femme atayal au visage tatoué.

Si la nature est d'une grande richesse dans ce parc national, on y trouve aussi un intéressant patrimoine culturel. Ke Jin-yuan [柯金源], qui travaille comme guide, note que les Atayal, la communauté aborigène à laquelle il appartient, sont à Taiwan les plus nombreux après les Amis. « Nos coutumes continuent de jouer un rôle fondamental dans notre vie quotidienne », dit-il. Le tatouage facial, par exemple, qui est au cœur des traditions atayal, est tombé en désuétude après avoir été interdit sous les Japonais, mais il semble connaître une timide renaissance. « Seuls les hommes ayant fait preuve de leur talent de chasseur et les femmes pures ont le droit de recevoir un tatouage facial. Douloureux, il est considéré à la fois comme un honneur et comme un test de bravoure. »

Le Parc national de Shei-pa est réputé à travers l'île, et les aires récréatives de Wuling et de Guanwu sont des destinations prisées des Taiwanais. A n'en pas douter, Syuejian, dont on revient avec un sentiment de plénitude, connaîtra la même popularité.■

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