Corps entravés, cordages hypnotiques et tresses rugueuses : c’est une plongée saisissante dans l’univers créatif de l’artiste Nicole Dufour que propose le
Musée d’art contemporain de Taipei jusqu’au 18 août avec une exposition mariant installations et photographies.
Nicole Dufour, qui a habité plusieurs années à Taiwan et avait exposé à la galerie Eslite en 2001 des « peintures tressées », revient cette fois-ci avec une exposition intitulée « Encorpsdages » qui rassemble en particulier des vidéos et clichés réalisés lors d’une résidence de deux mois, au printemps dernier, au Grass Mountain Chateau, le village des artistes qui est perché dans une ancienne villa de Chiang Kai-shek, à Yangmingshan.
Comme dans d’autres photos prises en Afrique ou en Inde, par exemple, et qui sont également montrées au MOCA, l’artiste utilise ce fil conducteur que sont le cordage et le tressage, pour nouer une relation quasi-symbiotique avec son sujet. Les filins, rouges comme le sang ou noirs comme l’encre, semblent jaillir de ses modèles. C’est particulièrement le cas avec les clichés pour lesquels elle a fait poser – danser serait plus juste – certains d’entre eux.
Le contraste est fort avec les tresses noires pendues au plafond ou accrochées à même les murs – « mes fétiches », dit Nicole Dufour – et qui ne sont pas sans rappeler les cheveux laissés en offrandes par les femmes dans certains temples indiens.
Sous la légèreté apparente de certaines œuvres percent des émotions plus sombres, et vice versa, un va et vient qui interroge sur le sens profond de ce qui nous lie, en nous-mêmes et aux autres, et de ce qui, au contraire, nous délace et nous libère.