Culture
Le célèbre anthropologue Chen Chi-lu s’est éteint le 6 octobre
09/10/2014
Chen Chi-lu, [陳奇祿], un des anthropologues les plus réputés de l’île, premier président du conseil des affaires culturelles de la République de Chine et spécialiste du style calligraphique weibei [魏碑], s’est éteint le 6 octobre dernier à Taipei.
« Chen Chi-lu a été un pionnier dans l’édification de la culture de Taiwan », a déclaré Lung Ying-tai [龍應台], la ministre de la Culture, qui a immédiatement réagi à l’annonce de la disparition de celui qui aura laissé sa marque dans l’histoire culturelle de la République de Chine. « Sans sa clairvoyance dans la nécessité d’établir une administration spécialisée dans les affaires culturelles au niveau de l’Etat, il n’y aurait pas de ministère de la Culture », a-t-elle souligné.
Né en 1923 à Jiangjun, un arrondissement de la ville de Tainan, Chen Chi-lu quitta Taiwan avec ses parents pour le continent chinois, avant de repartir vers le Japon où il fut scolarisé au Premier lycée de Tokyo. De retour en Chine, il étudia les sciences politiques et économiques à l’Université Saint John à Shanghai et reçut son diplôme de licence en 1948.
La même année, il revient à Taiwan et travaille comme secrétaire de rédaction au Public Opinion Daily, ce qui lui offre la possibilité d’être en contact avec un grand nombre d’anthropologues japonais de renom comme Takeo Kanaseki ou Naoichi Kokubu. Il développe alors une passion pour les sciences et entame des études d’anthropologie en 1951 à l’Université du Nouveau Mexique, aux Etats-Unis. Trois ans plus tard, il rentre à Taipei où il enseigne l’anthropologie à l’Université nationale de Taiwan.
Dix ans après avoir reçu un doctorat en sociologie de l’Université de Tokyo en 1966, il entre à l’Academia Sinica, le plus prestigieux institut de recherche de l’île. En 1981, il prend la tête de la commission pour les Affaires culturelles et contribue à préserver l’architecture traditionnelle de l’île durant les sept années pendant lesquelles il occupe cette fonction. En décembre 2013, il publie en quatre volumes Coutumes of Taiwan, un recueil des articles qu’il a écrit pour la rubrique du même nom pour Public Opinion Daily.
Cet ouvrage s’est érigé en référence anthropologique de Taiwan, notamment parce qu’il est le premier à rassembler l’expertise de spécialistes chinois, japonais et taiwanais et à proposer un système complet de connaissances sur le Taiwan de l’après 1945.
L’une de ses calligraphies, Présidential Hall, est engravée dans un des halls d’entrée du Palais présidentiel à Taipei, ce qui devrait lui assurer une postérité que ses travaux d’anthropologue lui ont déjà assurée. Sa collection personnelle de calligraphies et de croquis sur les traditions aborigènes seront données à l’Academia Sinica, ainsi qu’au Musée national de Taiwan et au Musée national d’Histoire.