Considérée comme la première femme peintre de Taiwan, Chen Chin [陳進] (1907-1998) occupe une place à part dans l’histoire de l’art taiwanais. Le
Musée national d’histoire lui consacre jusqu’au 4 octobre une grande exposition rassemblant 93 de ses œuvres, depuis les larges paravents dans la tradition japonaise jusqu’aux peintures à la gouache sur papier, les thèmes allant du paysage à la nature morte, en passant par les portraits de groupe.
Née dans le district de Hsinchu alors que Taiwan était une colonie japonaise, Chen Chin a commencé à peindre à un jeune âge, et son talent fut rapidement détecté par Gobara Koto, un professeur d’art japonais qui enseigna dans le lycée qu’elle fréquenta à Taipei. La jeune femme partit ensuite étudier les beaux-arts à l’Université Joshibi d’art et de design, à Tokyo.
En 1927, elle n’a que vingt ans quand trois de ses œuvres sont sélectionnées pour la 1
re Exposition des beaux-arts de Taiwan, et par la suite, elle participera à divers concours et expositions organisés par le gouvernorat colonial. On apprécie alors le charme distingué de ses œuvres qui représentent souvent les femmes modernes de son époque.
C’est cet aspect en particulier du travail de l’artiste qui est exploré avec l’exposition au NMH, dont le titre est « Chen Chin et la fabrication d’une jeune fille moderne idéale ».
Deux de ses œuvres sont par ailleurs également exposées en ce moment et jusqu’au 11 octobre au Musée des beaux-arts de la ville de Taipei dans le cadre de l’excellente exposition « Formosa in Formation » qui rassemble des œuvres des grands noms de l’art taiwanais de la première moitié du XX
e s. Les tableaux de Chen Chin y côtoient par exemple ceux de Chen Cheng-po [陳澄波], de Liao Chi-chun [廖繼春], et de Lin Yu-shan [林玉山], ou encore ceux de son professeur japonais Gobara Koto.