Science
Un antibiotique pour combattre certaines formes d’autisme
04/06/2015
Une étude de l’Academia Sinica met en évidence l’existence d’un lien entre une déficience en zinc souvent détectée chez les autistes et des défauts génétiques constatés sur deux protéines impliquées dans le transport du zinc vers les récepteurs au niveau cérébral, et suggère l’administration de Clioquinol, un antibiotique autorisé à Taiwan, pour stimuler ce processus.
La chercheuse Hsueh Yi-ping [薛一蘋], de l’Institut de biologie moléculaire de l’Academia Sinica, qui dirige l’équipe de recherche ayant produit cette étude, a expliqué que des résultats très encourageants avaient été obtenu chez la souris, un animal social qui est donc parfait comme sujet en la matière. L’autisme est en effet souvent caractérisé par une grande difficulté de la personne à communiquer avec son entourage.
Les chercheurs de l’Academia Sinica ont comparé le comportement, face à une souris « inconnue », de deux souris ordinaires et de deux souris chez lesquelles les gènes de codage des protéines Tbr1 et Shank2 avaient été inhibées.
L’équipe de Hsueh Yi-ping avait auparavant découvert que Tbr1, qui contrôle l’expression de 124 autres gènes, fait partie des 900 gènes impliqués dans l’autisme, tandis qu’un rôle similaire avait été documenté pour Shank2 par le codirecteur de l’équipe, le Coréen Eujoon Kim.
Les souris ordinaires ont interagi de façon normale avec la souris inconnue, au contraire des deux souris ayant subi une modification.
L’inhibition de Tbr1 et Shank2 empêche la transmission des ions de zinc vers le récepteur NMDAR (N-méthyl-D-aspartate). Or, environ 30% des autistes présentent une déficience en zinc.
Dans la phase suivante de leur étude, les chercheurs ont cherché à rétablir cette transmission du zinc chez les souris présentant une déficience en leur administrant du Clioquinol. Les souris ont alors retrouvé un comportement quasiment identique à celui des souris ordinaires, en termes d’activité et d’interaction avec la souris inconnue.
Hsueh Yi-ping espère donc que les psychiatres prescriront le Clioquinol à ceux de leurs patients autistes présentant une déficience en zinc, un traitement qui, selon elle, pourrait apporter une amélioration dans leur vie quotidienne. Elle suggère par ailleurs pour ces patients une alimentation riche en zinc, un oligo-élément que l’on trouve par exemple dans les huîtres, et en protéines animales, lesquelles aident à fixer cet oligo-élément.