15/05/2024

Taiwan Today

Politique

Elections locales à Taiwan : poussée du KMT

26/11/2018
Des électeurs dans un bureau de vote à Taipei. Le taux de participation a dépassé 66% dans les municipalités spéciales, selon la commission centrale des Elections.
Photo : Chin Hung-hao / MOFA
Les élections locales du 24 novembre à Taiwan ont vu la poussée du Kuomintang (KMT) qui contrôle désormais 15 des 22 villes et districts du pays. La chef de l’Etat, Tsai Ing-wen [蔡英文], a immédiatement reconnu la défaite du Parti démocrate-progressiste (DPP), dont elle a démissionné de la présidence. Par ailleurs, sur les dix référendums d’initiative populaire qui étaient organisés le même jour, sept ont été approuvés par les Taiwanais.
 
Depuis les élections locales de 2014, le DPP contrôlait quatre des six municipalités spéciales, les trois municipalités autonomes, ainsi que six districts. A l’issue des scrutins du 24 novembre, le parti n’est plus à la tête que de deux municipalités spéciales, de deux municipalités autonomes et de deux districts. A Taoyuan, le maire sortant Cheng Wen-tsan [鄭文燦] est réélu avec près de 53,5% des suffrages exprimés. A Tainan, Huang Wei-che [黃偉哲] l’emporte avec 38% des voix. Dans la ville de Hsinchu, le maire sortant Lin Chih-chien [林智堅] est victorieux avec près de 49,6% des voix, alors que Lin Yu-chang [林右昌] fait de même à Keelung avec 54,1%. Les deux districts restant aux mains du DPP sont Chiayi et Pingtung.
 
Parmi les municipalités spéciales, le KMT conserve New Taipei, où Hou You-yi [侯友宜] succède à Eric Chu [朱立倫] en raflant 57,1% des suffrages. Il reconquiert Taichung, perdue en 2014, où Lu Shiow-yen [盧秀燕] bat largement le maire DPP sortant Lin Chia-lung [林佳龍] et devient la seule femme à diriger une municipalité spéciale pour le mandat à venir. Qui plus est, Kaohsiung, ville dirigée par le DPP depuis 1998, est conquise par Han Kuo-yu [韓國瑜] avec la majorité absolue des suffrages.
 
Le KMT conserve les districts de Hsinchu, de Miaoli, de Taitung et de Lienchiang (îles Matsu). Il contrôle en outre désormais les districts de Hualien et de Kinmen, jusqu’ici dirigés par des premiers magistrats sans étiquette, et il ravit au DPP la ville de Chiayi, avec Huang Min-hui [黃敏惠], et les districts d’Yilan, de Changhua, de Yunlin et de Penghu.
 
Enfin, à Taipei, une élection très disputée a vu la victoire avec quelques milliers de voix d’avance du maire sortant, Ko Wen-je [柯文哲], sans étiquette. Son principal adversaire, Ting Shou-chung [丁守中] du KMT, a saisi la commission électorale et demandé une invalidation des résultats.

Les scrutins locaux portaient aussi sur le renouvellement des conseils municipaux et districtaux, l’élection chefs et les conseillers de six arrondissements autochtones au sein des municipalités spéciales, ainsi que sur celle des maires et des conseillers des communes au sein des districts, et des chefs de village ou de quartier.
 
A l’annonce des résultats, la présidente Tsai Ing-wen a pris la parole au siège du DPP, annonçant qu’elle en quittait la direction. Elle a estimé que le pays avançait dans la bonne direction depuis deux ans grâce au lancement de réformes de fond, mais que les électeurs attendaient mieux de son parti. Le Premier ministre, Lai Ching-te [賴清德], a présenté le même jour sa démission à la chef de l’Etat, qui l’a refusée, expliquant que le pays avait besoin de stabilité politique et de continuité dans la mise en œuvre des politiques publiques.
 
Parmi les dix référendums d’initiative populaire, trois concernaient la politique énergétique. Les électeurs ont approuvé les propositions consistant à réduire d’au moins 1% par an en moyenne la production d’électricité des centrales électriques thermiques, à ne pas construire de nouvelles centrales électriques au charbon ni d’agrandir les équipements existants, et à supprimer l’obligation légale de fermer les centrales nucléaires d’ici 2025. Le gouvernement, par la voix de sa porte-parole Kolas Yotaka [谷辣斯·尤達卡], a indiqué qu’en application de la loi, le paragraphe contenant cette obligation sera abrogé sous trois jours, mais que la politique énergétique du gouvernement ne changera pas pour autant.
 
L’interdiction d’importer des produits agricoles et des aliments des régions du Japon affectées par la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011 a par ailleurs été maintenue.
 
Enfin, les trois référendums présentés par les organisations opposées au mariage des couples de même sexe ont été approuvés. Ils prévoient de limiter aux couples formés d’un homme et d’une femme les dispositions du code civil relatives au mariage, de créer un type d’union différent afin de protéger les droits des couples de même sexe, et de suspendre la mise en œuvre de l’enseignement lié à l’homosexualité, tel que défini dans les Règles de mise en œuvre de la Loi sur l’éducation à l’égalité de genre. Il appartient désormais au gouvernement de proposer sous trois mois un texte de loi appliquant ces principes législatifs tout en respectant l’interprétation de la Cour constitutionnelle de mai 2017 sur l’égalité des droits devant le mariage.

Les trois autres référendums, favorables au mariage pour tous, à l’éducation sexuelle dans les écoles et au changement de la dénomination de Taiwan au Jeux olympiques et dans les compétitions sportives internationales, ont été rejetés, le quorum n’ayant pas été atteint.

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