05/05/2024

Taiwan Today

Politique

« Les électeurs ont fait un choix clair sur les politiques et la personnalité de Tsai Ing-wen »

14/01/2020
« Depuis 2014, les jeunes décident des élections à Taiwan, en décidant ou non d’aller voter », a expliqué Frank Muyard le 13 janvier lors d’un séminaire organisé par le CEFC et l’EFEO à Taipei, et consacré aux résultats des élections présidentielle et législatives 2020.
Photo : Chin Hung-hao / MOFA
« Les résultats des scrutins du 11 janvier à Taiwan renforcent le mandat de la présidente Tsai Ing-wen [蔡英文] », a estimé le 13 janvier Frank Muyard, maître de conférences à l’Université nationale centrale, à Taiwan, chercheur associé au Centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC) et responsable du centre de Taipei de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO). Il s’exprimait dans le cadre d’un séminaire organisé par le CEFC et l’EFEO dans l’enceinte de l’Academia Sinica, à Taipei, et consacré aux résultats des élections présidentielle et législatives 2020.
 
Avec une participation de 74,9% pour le scrutin présidentiel, la mobilisation des Taiwanais est revenue dans la moyenne après une abstention qui avait été plus forte en 2016. La mobilisation, relève Frank Muyard, a toutefois été plus massive en faveur de Tsai Ing-wen, en particulier au sein des jeunes générations.
 
La situation nationale et internationale, a analysé le chercheur, a été favorable à Tsai Ing-wen et au Parti démocrate-progressiste (DPP), qu’il s’agisse du clivage sur l’identité nationale, des rapports entre Taiwan et la Chine, des événements de Hongkong, du soutien américain à Taiwan, du conflit commercial sino-américain, de l’économie, ou des politiques sociales et fiscales. C’est aussi, a-t-il ajouté, une victoire personnelle de Tsai Ing-wen et celle d’une jeunesse « viscéralement attachée à Taiwan, à la démocratie et à la liberté ».
 
Selon Frank Muyard, les électeurs ont fait un choix clair sur les politiques et la personnalité de Tsai Ing-wen et ont rejeté le populisme, tout en exprimant une certaine méfiance envers le DPP, laquelle s’illustre par les bons scores des autres partis centristes ou progressistes.
 
Se dessine un paysage électoral similaire à celui observé en 2014 ou 2016, marqué par la prédominance du camp « vert » dans les zones urbaines et plus jeunes et par celle du camp « bleu » dans les zones rurales ou montagneuses, dotées d’une population plus âgée. La couleur verte est traditionnellement associée aux forces politiques en faveur de la souveraineté et de l’autonomie de Taiwan, dont le DPP. La couleur bleue est attribuée à celles penchant vers une unification à terme avec la Chine, dont le Kuomintang (KMT).
 
Lors de ces scrutins, a souligné le chercheur, le KMT a réalisé des progrès par rapport à 2016 mais ceux-ci sont restés limités et le camp bleu dans son ensemble est en recul. A l’inverse, le DPP a su conserver sa majorité parlementaire, n’ayant à déplorer la perte que de quelques députés. Le DPP est toujours dominant dans le nord et le centre, et sa domination est écrasante dans le sud.
 
Les femmes renforcent leur présence au Yuan législatif avec 47 députées, soit 41,6% des sièges – un record.
 
Parmi les nouveautés, Frank Muyard relève la percée du Parti du peuple de Taiwan (TPP), créé en août 2019 par le maire de Taipei Ko Wen-je [柯文哲] et cherchant à incarner une alternative aux deux principaux partis. Avec 11,2% des voix au scrutin législatif de listes, le TPP obtient cinq élus et devient la troisième force au parlement.
 
On observe aussi la montée d’un nouveau parti indépendantiste radical et progressiste, le Parti pour la construction de l’Etat de Taiwan (Taiwan State Building Party), dont le candidat à Taichung, Chen Po-wei [陳柏惟], a mis fin à la domination locale d’une famille de politiciens du KMT. Plus généralement, note Frank Muyard, les progressistes n’appartenant pas au DPP voient leur poids augmenter dans l’électorat, même si leurs divisions les empêchent d’avoir beaucoup d’élus avec le système électoral en vigueur.

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