02/05/2024

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Politique

Incident du 28 Février : la présidente Tsai lie mémoire historique et défense actuelle des droits humains

02/03/2021
A Kaohsiung, la présidente Tsai Ing-wen a appelé le 28 février les Taïwanais à faire face à leur histoire tout en agissant pour défendre la dignité et les droits humains.
Aimable crédit de la Présidence de la République
Le matin du 28 février, la présidente Tsai Ing-wen [蔡英文] a participé au musée d’histoire de Kaohsiung, dans le sud de Taiwan, à la cérémonie nationale de commémoration de l’Incident du 28 février 1947. Elle y a appelé les Taïwanais à faire face à leur histoire tout en agissant pour défendre la dignité et les droits humains.
 
Il y a 74 ans, le 6 mars 1947, l’ancien hôtel de ville de Kaohsiung, qui abrite aujourd’hui le musée d’histoire, fut le théâtre de scènes de répression dont les murs de l’édifice portent encore les traces, a noté la chef de l’Etat. Les notables locaux qui tentaient de négocier avec le gouverneur nommé par Nankin furent emprisonnés et des troupes ciblèrent l’hôtel de ville, la gare ferroviaire et le lycée de la ville, faisant de nombreuses victimes.
 
« L’Incident du 28 Février et les décennies de gouvernement autoritaire qui suivirent n’ont pas simplement privé Taiwan des éléments les plus brillants d’une génération entière. Ils ont aussi réduit la majorité des Taïwanais au silence », a souligné Tsai Ing-wen.
 
Toutefois, le peuple taïwanais n’a jamais baissé les bras. Génération après génération, il a continué à lutter pour la démocratie et la liberté, a-t-elle relevé.
 
« Aujourd’hui, a-t-elle dit, nous devons comprendre que l’Incident du 28 Février n’était pas un événement isolé. La purge politique qui l’a suivi, la campagne de Terreur blanche, et l’ombre de l’autoritarisme constituent les souvenirs les plus douloureux de cette époque pour les gens de toutes origines à travers Taiwan. »
 
Tsai Ing-wen a souligné l’action de la Commission pour la justice transitionnelle, entrée en fonction le 31 mai 2018 et qui peut être saisie par les particuliers estimant avoir fait l’objet d’une condamnation abusive pendant la période allant du 15 août 1945, date de la prise de contrôle de Taiwan par la République de Chine après la capitulation japonaise, et le 6 novembre 1992, date où la loi martiale a été levée sur les archipels de Kinmen et de Matsu, plusieurs années après avoir pris fin à Taiwan proprement dit, en juillet 1987.
 
Cette commission a mis en ligne il y a un an une base de données consacrée aux dossiers judiciaires de victimes de persécutions politiques à Taiwan sous le régime autoritaire du Kuomintang (KMT). Ce sont désormais 13 683 affaires qui y sont recensées, ce qui permet aux chercheurs et historiens d’étudier de manière systématique les procédures des procès militaires et les mécanismes utilisés pour y imposer la volonté du dirigeant de l’époque, Chiang Kai-shek [蔣中正], notamment en termes de condamnations et de recours à la peine capitale.
 
En plus de cette recherche de la vérité historique, il importe de pleinement protéger la dignité et les droits humains, a déclaré la chef de l’Etat en rappelant la création l’an dernier de la commission nationale des Droits de l’homme, en accord avec les Principes de Paris des Nations unies.

Enfin, a-t-elle insisté, « nous ne devons jamais compromettre notre croyance en la démocratie et la liberté ». C’est là la clé du développement continu de Taiwan, a-t-elle ajouté.

L’Incident du 28 février 1947 est le nom donné à un soulèvement antigouvernemental violemment réprimé par le gouvernement de la République de Chine alors dirigé par le KMT. Le 27 février 1947, une femme qui vendait illégalement des cigarettes dans une rue de Taipei est brutalisée par des agents du Monopole des tabacs. Un passant est tué. Le lendemain, la foule manifeste violemment sa colère et la police fait feu. Des émeutes violentes embrasent alors toute l’île de Taiwan. Le gouverneur Chen Yi [陳儀] donne d’abord l’impression de temporiser mais, à partir du 8 mars 1947 et pendant plusieurs semaines, des troupes du KMT dépêchées du continent répriment les troubles, faisant de nombreuses victimes. Ces événements sont désignés à Taiwan par les trois chiffres 2-2-8 (« er, er, ba » en mandarin, soit 28 Février).

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