La contestation organisée par l’opposition a atteint son paroxysme jeudi, alors que le président de la République Ma Ying-jeou rencontrait Chen Yunlin, le président de l’Association des relations à travers le détroit de Taiwan (ARATS). Toute la journée, les manifestants ont suivi à la trace le responsable chinois, cherchant à perturber son programme et faire entendre leur refus de toute remise en cause de la souveraineté de l’île. Des heurts parfois violents ont éclaté avec la police.
S’indignant des troubles de mercredi autour de l’hôtel Grand Formosa Regent, qui ont fait 16 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, Ma Ying-jeou a reproché à Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste (DPP), d’avoir failli à sa promesse de manifester pacifiquement et a enjoint l’opposition de prendre ses responsabilités et de contrôler ses troupes.
Le DPP avait en effet appelé à un nouveau rassemblement à 13 h à proximité du Taipei Guest House, le lieu de la rencontre entre le chef de l’Etat et le président de l’ARATS. Baptisée « le siège des rubans jaunes », en référence aux rubans arborés par les participants, sur lesquels on pouvait lire « Taiwan est mon pays », cette manifestation avait été autorisée après l’engagement donné par le DPP qu’elle resterait pacifique.
Par précaution, le ministère de l’Intérieur avait toutefois déployé plusieurs milliers de policiers autour du bâtiment. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants leur faisaient face, exprimant leur colère. « Mon pays est en danger, je dois me battre pour lui », a déclaré l’une d’entre eux. Quelques échauffourées ont été déplorées.
Apprenant que la rencontre avait été avancée à 11 h du matin, Tsai Ing-wen a assimilé cette décision à un signe de faiblesse du président et considéré ce « recul » comme une victoire du DPP. Elle a ensuite dressé le portrait d’un « gouvernement autoritaire qui use de la violence contre son propre peuple. »
Les heurts avec la police ont commencé peu après, malgré les appels au calme des organisateurs. Ils se sont poursuivi jusqu’à 19h30, heure à laquelle le cortège des protestataires a rejoint les abords du Grand Hôtel, où est descendue la délégation chinoise. Toute la soirée, plusieurs centaines de personnes ont provoqué les forces de l’ordre en lançant des projectiles et tentant de forcer les barrages. Celles-ci ont répliqué en chargeant les manifestants, qui comptaient bien poursuivre leur « siège » toute la nuit.
La porte-parole du gouvernement Vanessa Shih a demandé à Tsai Ing-wen de prendre toute la responsabilité de ces affrontements. Dans un souci d’apaisement, Chen Yunlin a quant à lui annulé la conférence de presse prévue en clôture de sa visite dans l’île. Il devait s’envoler ce matin pour Pékin.