Taiwan Today

Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste (DPP), a vivement protesté hier matin en conférence de presse contre le changement du juge en charge du dossier de l’ancien président Chen Shui-bian et la décision qu’il a prise de remettre celui-ci en détention dans l’attente de son procès. Chen Shui-bian a déjà passé trois semaines dans un centre pénitentiaire avant la prononciation de son inculpation, le 12 décembre. Il a de nouveau été transféré au centre pénitentiaire de Tucheng hier matin, au terme d’une longue procédure d’appel. Le juge a pris la décision de cette incarcération en invoquant le risque que Chen Shui-bian profite de sa liberté pour se livrer à des pressions sur les autres personnes impliquées dans les diverses affaires pour lesquelles il est poursuivi, pour détruire des preuves et faire disparaître les centaines de millions de dollars taiwanais que lui et ses proches sont accusés d’avoir acquis illégalement et cachés à l’étranger, voire pour chercher à prendre la fuite. Chen Shui-bian maintient son innocence et se dit victime de persécution politique. Relayant les soupçons de certains membres de la formation quant à de possibles « interférences » du pouvoir, Tsai Ing-wen a demandé que les instances judiciaires « expliquent et clarifient » pourquoi elles ont estimé nécessaire de replacer Chen Shui-bian en détention provisoire. « Sa détention et le fait qu’on lui ait passé les menottes avant son procès pourraient être inconstitutionnels », a-t-elle mis en garde. Au DPP, nombreux sont ceux qui condamnent le traitement réservé à l’ancien chef de l’Etat et pensent qu’il n’a pas bénéficié de la présomption d’innocence. En outre, les membres de la formation ne comprennent pas qu’on puisse avancer comme argument pour cette mise en détention provisoire une possible fuite à l’étranger de Chen Shui-bian alors que celui-ci est entouré de gardes du corps et traqué par les médias, et qu’il s’est toujours rendu aux convocations des juges. Quant aux craintes du juge que Chen Shui-bian fasse disparaître les fonds qu’on l’accuse d’avoir détournés, ses défenseurs notent que son fils, Chen Chih-chung, et sa belle-fille, Huang Jui-ching, ont proposé mi-décembre d’aider les procureurs à rapatrier l’argent placé sur leurs comptes à l’étranger. Au total, le DPP voit dans les développements de ces derniers jours la preuve d’une « vendetta politique » menée par le pouvoir Kuomintang contre Chen Shui-bian et, in fine, contre le DPP et ses idéaux.