02/05/2024

Taiwan Today

Politique

Réactions mesurées après la condamnation de Chen Shui-bian à la prison à perpétuité

14/09/2009
L’annonce de la condamnation à la prison à perpétuité de l’ancien président de la République, Chen Shui-bian, et de son épouse, Wu Shu-jen, pour corruption, blanchiment et détournement de fonds, a finalement été accueillie dans le calme à Taiwan. Quelques personnalités du Parti démocrate-progressiste (DPP), dont l’ancienne vice-présidente de la République, Annette Lu, ont réagi. Annette Lu, qui a assumé les fonctions de vice-présidente de la République entre 2000 et 2008, alors que Chen Shui-bian était à la tête de l’Etat, a appelé hier ce dernier à formuler des excuses. « Alors que j’ai été sa vice-présidente pendant ces 8 années, j’ai souffert, et certains savent combien, de le voir traduit en justice et condamné. Mais le président Chen a laissé tomber tous ses partisans, ici et à l’étranger, et je pense que lui et sa famille doivent formuler des excuses profondes et sincères pour cela. Il leur doit des excuses ! », a déclaré Annette Lu. De son côté, le Parti démocrate-progressiste a protesté contre la lourdeur de la sanction et Tsai Ing-wen, la présidente du parti, a qualifé le procès de « politique », et demandé la libération immédiate de Chen Shui-bian afin que celui-ci puisse exercer son droit à la défense, alors qu’il se prépare à faire appel. Tsai Ing-wen a ainsi mis en cause l’impartialité de la justice en expliquant que le juge en charge de ces affaires, Tsai Shou-hsun, qui avait acquitté Ma Ying-jeou, alors impliqué pour l’utilisation frauduleuse des fonds spéciaux de la mairie de Taipei, condamne aujourd’hui Chen Shui-bian à la prison à vie pour des faits similaires, en relation avec les fonds spéciaux de la présidence de la République. Elle a enfin appelé le Kuomintang à ne pas utiliser ce procès pour détourner l’attention de l’opinion publique de l’incompétence dont il a fait preuve dans les opérations de secours après le typhon Morakot. Ker Chien-ming, député DPP, a expliqué que le verdict n’était pas une surprise, tant le degré d’intervention politique dans le processus judiciaire avait été élevé. Hsu Tain-tsair, le maire de Tainan, qui a été désigné par le parti pour former un comité de soutien à Chen Shui-bian, n’a pas, pour sa part, souhaité répondre à la question de savoir si le président de la République, Ma Ying-jeou, devait amnistier Chen Shui-bian. « La suite à donner à cette affaire par le comité de soutien sera décidée le 16 septembre », a-t-il déclaré. Plusieurs universitaires ont également réagi à l’annonce du verdict et tenté de répondre à la question de savoir si la lourdeur de la sanction devait être interprétée comme un signe de bonne santé du système judiciaire taiwanais, ou au contraire, comme une absence d’indépendance de la Justice. « On pourrait y voir la manifestation d’une république bananière. Mais je reste optimiste et considère ce verdict comme un pas supplémentaire dans un douloureux d’apprentissage. Ce procès est l’une de ces étapes dans ce processus », a déclaré Murray Rubinstein, professeur d’histoire à l’Université de New York et auteur de plusieurs ouvrages sur Taiwan. « Cette affaire montre que personne n’est au-dessus de la loi et que même un ancien chef de l’Etat peut être traduit devant les tribunaux, ce qui montre les progrès de l’Etat de droit. Néanmoins, on a constaté un certain nombre de problèmes durant l’enquête et le procès, surtout en ce qui concerne la détention de Chen Shui-bian », a déclaré Lin Feng-cheng, un universitaire taiwanais de renom, et président de la Fondation pour la réforme de la justice. Jerome Cohen, professeur de droit à l’Université de New York et spécialiste du droit chinois et des affaires asiatiques, a déclaré que malgré un certain nombre de critiques à formuler sur le fonctionnement de la justice dans cette affaire, le fait qu’une enquête ait été lancée sur Wu Shu-jen alors que Chen Shui-bian était encore président de la République est une preuve que l’Etat de droit existe. Chen Shui-bian dispose de 10 jours pour faire appel de la décision du tribunal. Lui et son épouse sont condamnés à la prison à perpétuité, assortie d’une amende de 200 millions de dollars taiwanais pour Chen Shui-bian et de 300 millions pour Wu Shu-jen. Leur fils Chen Chih-chung est pour sa part condamné à une peine de deux ans et demi ainsi qu’une amende de 150 millions, et son épouse à un an et huit mois, ses biens étant confisqués. Les procureurs ont annoncé que plusieurs autres inculpations de Chen Shui-bian pourraient suivre dans des dossiers de corruption.

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