05/05/2024

Taiwan Today

Politique

Protection de la vie privée : un projet de loi controversé

22/04/2010
Des voix se sont élevées hier dans le secteur associatif pour dénoncer comme une grave atteinte à la liberté de la presse le projet de loi sur la protection des informations relevant de la vie privée qui est en cours d’examen au parlement. Le projet de Loi de protection des données personnelles, qui a été revu mardi pour la seconde fois par les députés, exige que des journalistes ou des élus qu’ils obtiennent l’autorisation des personnes concernées avant de diffuser une information personnelle relative à leur casier judiciaire, leur dossier médical, leurs finances ou leur vie sexuelle, notamment. Les contrevenants s’exposeraient à des amendes allant de 50 000 à 500 000 dollars taiwanais, tandis que les personnes s’estimant diffamées ou gênées par des révélations non autorisées pourraient obtenir des compensations allant jusqu’à 200 millions. May Chen, présidente du comité d’autodiscipline de l’Association des chaînes de télévision par satellite, s’est insurgée contre ce projet de loi qui « réduirait grandement la liberté de la presse et la liberté d’expression, et qui serait même plus restrictive que la réglementation en vigueur sous la loi martiale ». « Je ne suis pas partisane d’une culture qui encourage les gens à dénoncer les autres dans les médias, mais le comportement de certaines personnalités publiques peut et doit, dans une certaine mesure, être observé par le public. » Le député Kuomintang Chiu Yi, connu pour avoir exposé de nombreuses affaires de corruption impliquant des personnalités politiques, dont l’ancien président de la République Chen Shui-bian, a lui aussi protesté avec force contre un texte de loi qui, dit-il, a été conçu en 2007 par le Parti démocrate-progressiste alors au pouvoir pour le bâillonner. Jason Ho, directeur du contenu à la commission nationale des Communications (NCC), est lui aussi contre le texte dans sa version actuelle. Il a noté que l’article 9 du projet, dans la version originelle proposée par le ministère de la Justice et modifiée depuis par les députés, exemptait les médias de ces autorisations préalables. « Supposez qu’un journaliste veuille écrire un papier à propos d’un haut fonctionnaire soupçonné de malversations, a-t-il commenté. Il faudrait qu’il demande l’autorisation à la personne visée avant de le faire ? C’est contraire à la liberté de la presse. » Au ministère de la Justice, on défend pourtant le texte controversé. « Il n’est pas aussi draconien qu’il en a l’air, a estimé un porte-parole du ministère. Dans la pratique, les journalistes n’auront à obtenir le consentement des personnes concernées que si leur article contient des informations privées qui peuvent provoquer une controverse, par exemple concernant des propriétés immobilières ou des peccadilles sexuelles. »

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