09/05/2024

Taiwan Today

Politique

Le président du parlement, Wang Jin-pyng, exclu du KMT et menacé de perdre son mandat

12/09/2013
Le Kuomintang, le parti dirigé du président de la République Ma Ying-jeou [馬英九], a décidé hier matin d’exclure de ses rangs le président du Yuan législatif, Wang Jin-pyng [王金平], et d’entamer les démarches visant à le priver de son mandat de parlementaire. Cette décision intervient cinq jours après que la Cellule d’enquête spéciale, placée sous l’autorité du Bureau des procureurs auprès de la Cour suprême, a accusé Wang Jin-pyng d’avoir usé de son influence pour épargner un procès à un parlementaire de l’opposition. Niant tout comportement répréhensible dans cette affaire qui a déjà coûté son poste au ministre de la Justice, Tseng Yung-fu [曾勇夫], Wang Jin-pyng a annoncé qu’il allait contester son exclusion du KMT devant la justice. Prise à la majorité des voix, à la demande du président, par la commission de discipline du parti, la décision d’exclure Wang Jin-pyng a été qualifiée de « difficile et douloureuse » par Ma Ying-jeou, qui s’exprimait en tant que président du KMT. « Nous ne permettrons à aucun membre de ce parti de remettre en cause notre détermination à sauvegarder l’intégrité de la justice », a-t-il ajouté. Estimant qu’il s’agissait d’un moment critique pour le développement de la démocratie et de l’état de droit à Taiwan, Ma Ying-jeou a appelé l’ensemble des membres du KMT à « se placer du bon côté de l’Histoire » et à « travailler ensemble pour défendre l’intégrité de la justice et la réputation du parti ». Cette expulsion du KMT pourrait entraîner pour Wang Jin-pyng, élu sur liste et non dans une circonscription, la perte de son mandat de député et, ipso facto, de la présidence du Yuan législatif. Parlementaire depuis 38 ans, Wang Jin-pying, aujourd’hui âgé de 72 ans, préside cette institution depuis 14 ans. Aussitôt, Wang Jin-pyng a annoncé qu’il ferait appel de son exclusion devant les instances du KMT – il dispose de 20 jours pour cela, selon les statuts du parti. Il a également contesté cette décision devant le tribunal du district de Taipei, espérant ainsi bloquer la procédure visant à le déchoir de son mandat de parlementaire. Selon la Cellule d’enquête spéciale qui s’appuie sur des écoutes téléphoniques menées au printemps dernier, Wang Jin-pyng serait intervenu auprès de Tseng Yung-fu, alors ministre de la Justice, et de Chen Shou-huang [陳守煌], premier procureur auprès de la Haute Cour, pour que le parquet ne forme pas un pourvoi en cassation contre la relaxe, en appel, du député du Parti démocrate-progressiste (DPP) Ker Chien-ming [柯建銘] dans une affaire de détournement de fonds. Ce dernier avait été condamné en première instance à six mois de prison. Wang Jin-pyng, qui assistait le week-end dernier en Malaisie au mariage de sa fille, a nié dès son retour à Taiwan, mardi soir, toute interférence dans une procédure judiciaire. Le ministre de la Justice, Tseng Yung-fu, a également clamé son innocence, tout en présentant sa démission qui a été acceptée mardi. De leur côté, Ker Chien-ming et le président du DPP, Su Tseng-chang [蘇貞昌], ont accusé la Cellule d’enquête spéciale d’avoir procédé à des écoutes téléphoniques illégales – celle-ci assure le contraire –, et ont reproché au président de la République d’avoir enfreint le principe de la séparation des pouvoirs en demandant la démission du président du Yuan législatif. Si Wang Jin-pyng est effectivement déchu de son mandat de député, la CEC proclamera sous quinze jours le nom de son remplaçant. Une élection devra en outre avoir lieu pour donner un nouveau président au Yuan législatif.

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