Taiwan Today

Le ministre de l’Education, Wu Se-hwa [吳思華], s’est dit profondément peiné à l’annonce hier du suicide de Lin Kuan-hua [林冠華], un des porte-parole du mouvement lycéen contre la réforme des programmes d’histoire-géo et d’éducation civique. Alors que des forums d’explication de la réforme ont été organisés au cours des dernières semaines dans plusieurs villes, le ministre a annoncé qu’il rencontrera personnellement des représentants des lycéens le 5 août. Elève du Lycée professionnel Juang Jing, à New Taipei, Lin Kuan-hua avait délaissé les cours à partir du mois de juin. Il avait fait partie des 33 personnes, dont onze mineurs, arrêtées le 24 juillet dernier pour avoir franchi le cordon policier et envahi le siège du ministère de l’Education. Placé en garde à vue une vingtaine d’heures, il avait été mis en examen et libéré sous caution. Il a été retrouvé sans vie hier matin, jour de son vingtième anniversaire, au domicile familial, vraisemblablement asphyxié par le monoxyde de carbone dégagé par du charbon qu’il avait fait brûler dans sa chambre. Si sa famille a indiqué que le jeune homme était psychologiquement fragile et que son décès n’était pas lié aux récents événements, le jeune homme avait toutefois confié à des journalistes l’intense pression qu’il subissait ces dernières semaines. Le ministre de l’Education, qui a rendu visite hier à la famille du jeune homme, a regretté la mort de Lin Kuan-hua et indiqué qu’il endossait l’entière responsabilité de la controverse suscitée par les ajustements apportés aux programmes d’histoire-géo et d’éducation civique du lycée. Adoptée en début d’année par le ministère, cette réforme vise à mettre les programmes en conformité avec la Constitution de la République de Chine. Elle est dénoncée par des professeurs d’histoire, des parents d’élèves, des étudiants et divers associations et partis politiques : ceux-ci estiment qu’elle est par trop sino-centrique et condamnent la manière dont elle a été préparée. Alors que la contestation contre la réforme prenait de l’ampleur, fin juin, le ministre avait annoncé que les professeurs auraient le choix d’utiliser les anciens ou les nouveaux manuels, et que les points controversés des programmes ne seraient pas inclus dans les examens. Plus récemment, le ministère a annoncé que la réforme fera l’objet d’un réexamen, rappelle un communiqué publié hier. Hier soir, en colère après la mort de leur camarade, plusieurs centaines de lycéens ont franchi les grilles entourant le parlement et ont brièvement pris position devant l’entrée du bâtiment, demandant au président du parlement la convocation d’une session extraordinaire pour traiter de la réforme. Ils se sont ensuite rendus au ministère de l’Education, dont ils ont une nouvelle fois franchi le mur d’enceinte et devant lequel une centaine d’entre eux étaient toujours présents aujourd’hui. En début d’après-midi, le ministre est sorti à la rencontre des manifestants et a une nouvelle fois appelé à un dialogue calme et rationnel.