02/05/2024

Taiwan Today

Politique

Le président de la République assiste au service commémoratif d’une des dernières « femmes de réconfort »

22/02/2016
Hier avait lieu à Taipei, en présence du chef de l’Etat, Ma Ying-jeou [馬英九], un service comémoratif en mémoire de Cheng-Chen Tao [鄭陳桃], dont les obsèques avaient eu lieu le 20 janvier dernier dans son district natal de Pingtung, dans le sud de Taiwan. Décédée des suites d’une pneumonie à l’âge de 93 ans, elle était l’une des dernières victimes encore en vie de la prostitution forcée par l’Armée impériale du Japon au profit de ses soldats durant la guerre sino-japonaise. Autre personnalité présente à ce service organisé par la Taipei Women’s Rescue Foundation, Yoko Shiba, membre d’une association japonaise formée pour soutenir les dernières « femmes de réconfort », l’euphémisme utilisé pour décrire les victimes de cette prostitution forcée, dans le dépôt d’une plainte contre l’Etat japonais. Elle a décrit Cheng-Chen Tao comme une femme généreuse et courageuse dans le combat qu’elle a mené, surmontant l’incompressible peine que générait en elle l’évocation de ces souffrances. Cheng-Chen Tao a avait été arrêté par la police japonaise à Tainan, puis enrôlée au début des années 40, alors qu’elle n’était qu’une lycéenne de 19 ans, dans un bordel militaire de l’île d’Andaman, un archipel situé dans la baie du Bengale. Elle n’a été libérée que 1000 jours après. Lors de son 90e anniversaire, Cheng-Chen Tao, qui était vendeuse de noix de coco à Pingtung, avait émis le souhait de voir l’Etat japonais présenter rapidement des excuses. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de ce service commémoratif, Ma Ying-jeou a appelé le Japon à faire plus pour restaurer la dignité et la réputation des « femmes de réconfort », ajoutant qu’il restait encore aujourd’hui à Taiwan, trois victimes comme Cheng-Chen Tao. Il a par ailleurs noté que le Premier ministre japonais, Shinzo Abe n’avait exprimé de remords que pour les agressions dont le Japon s’était rendu coupable durant la guerre, mais n’avait jamais prononcé le mot de « femme de réconfort » dans son discours de l’année dernière marquant le 70e anniversaire de la fin de la Guerre sino-japonaise. Le Japon est un Etat remarquable et gagnerait en respect en faisant preuve de sagesse dans la gestion de ce dossier, a déclaré le chef de l’Etat. Liao Ying-chih [廖英智], présidente de la Taipei Women’s Rescue Foundation, a également prononcé un discours, soulignant les grandes qualités humaines de Cheng-Chen Tao, qui a toujours exprimé une profonde gratitude pour ceux qui l’aidaient, y compris ses amies japonaises. Wang Ching-feng [王清峰], ancienne présidente de la Taipei Women’s Rescue Foundation, ancienne ministre de la justice de 2008 à 2010, et aujourd’hui présidente de la Croix Rouge taiwanaise, s’est aussi exprimée, déclarant que les femmes de réconfort représentaient « l’étincelle dans les cendres » et offraient l’opportunité aux nouvelles générations d’apprendre de l’histoire et de témoigner. Lors de ce service, un court métrage sur la vie de Cheng-Chen Tao a été présenté dans lequel on voit cette dernière porter l’uniforme que les élèves du Lycée de filles de Tainan lui avaient offert en 2013. Elle avait aussi manifesté le souhait de reprendre ses études à son Lycée de Tainan, vœux qui n’a jamais été exaucé.

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