07/05/2024

Taiwan Today

Politique

Ma Ying-jeou et Tsai Ing-wen débattent de l’ECFA

26/04/2010
A l’occasion d’un débat télévisé de deux heures diffusé par Public Television Service, Ma Ying-jeou, le président de la République, et Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste (DPP), ont échangé leurs positions sur les avantages et les risques liés à l’Accord-cadre de coopération économique (ECFA) que le gouvernement souhaite signer avec Pékin. Ma Ying-jeou a défendu son projet, déclarant qu’il ne signerait aucun accord nuisible aux intérêts de Taiwan et soulignant la nécessité absolue d’inclure Taiwan dans le mouvement d’intégration économique à l’échelle régionale. De son côté, Tsai Ing-wen a accusé le gouvernement de mener une politique pro-chinoise, arguant que l’ECFA n’était pas la solution unique aux problèmes économiques de l’île, et que d’autres dossiers étaient bien plus urgents. Selon le président de la République, la marginalisation économique de Taiwan au sein de la région est préoccupante, d’autant que le nombre d’accords de libre-échange signés par les Etats asiatiques a bondi de 3 en 2008 à 58 en 2009. Une situation qu’il attribue à l’incompétence du précédent gouvernement DPP qui a mené vis-à-vis de la Chine une politique de la « porte fermée », laissant se dégrader la puissance exportatrice insulaire, qui a dégringolé de la 14e à la 18e place mondiale. « Les autres économies ont déjà fait 4 ou 5 tours de piste, et nous, nous en sommes encore à nouer nos lacets », a-t-il décrit, comparant la situation économique régionale à un sprint. Il a également reproché au DPP de chercher à effrayer l’opinion publique en diffusant des informations erronées sur l’impact de l’ECFA sur l’économie taiwanaise et s’est solennellement engagé à ne pas donner accès au marché intérieur aux produits chinois qui pourraient menacer les secteurs industriels traditionnels plus faibles et à ne pas rallonger la liste des produits agricoles chinois qui bénéficieront de l’accord. Ma Ying-jeou a ensuite décrit l’ECFA comme un dispositif en trois volets : l’élimination des tarifs douaniers sur les produits dans le commerce entre les deux rives, la mise en place de mesures de protection des investissements taiwanais en Chine et enfin, la protection des droits intellectuels et la lutte contre la contrefaçon des produits taiwanais en Chine. « Si nous signons cet accord, le statut économique et commercial de Taiwan en Asie de l’Est sera différent. » Ma Ying-jeou a enfin déclaré son intention de mettre sur pied une cellule de travail dont l’objectif sera de négocier des accords de libre-échange avec les autres partenaires commerciaux de l’île. Face à l’argumentaire du chef de l’Etat, Tsai Ing-wen a décrit l’ECFA comme une politique décidée à la hâte, mal conçue et fondée sur une mauvaise perception de la situation internationale de Taiwan. Elle a affirmé que l’ECFA n’était pas l’unique solution et que Taiwan pouvait très bien travailler à un rapprochement économique avec d’autres Etats dans le cadre des règles émises par l’Organisation mondiale du commerce ou dans celui de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Elle a également rejeté la menace économique représentée par la formation du bloc économique de l’Association des nations du Sud-Est avec la Chine (ASEAN+1) estimant que les véritables menaces venaient du Japon et de la Corée du Sud tandis que leur association à l’ASEAN+1 n’était pas concevable dans un futur proche. D’autre part, a-t-elle attaqué, une fois que le yuan sera réévalué, tous les gains obtenus par le biais des exonérations de droits de douane seront remis en cause. La chef de l’opposition a par ailleurs douté de la capacité du chef de l’Etat à tenir ses promesses et à sauvegarder les intérêts de la nation. Elle a enfin réaffirmé la volonté du DPP de faire organiser un référendum sur cette question. C’est la première fois dans l’histoire politique de Taiwan que les leaders de la majorité et de l’opposition, hors campagne électorale, débattent des politiques gouvernementales à la télévision. Selon les chiffres publiées par la chaîne de télévision, le débat a fait 46% de parts d'audience. Selon un sondage par ailleurs publié par le quotidien en langue chinoise United Daily News, 42% des Taiwanais ont trouvé bonne la prestation du président de la République, contre 30% en faveur de Tsai Ing-wen. Six pour cent des personnes interrogées ont déclaré avoir changé d'avis sur l'ECFA après le débat, dont 81% en sa faveur, 10% déclarant être contre la signature de l'ECFA après le débat.

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