29/04/2024

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Politique

La plus grande collection de manuscrits en minnan datée par une équipe taiwano-espagnole

18/04/2017
Un des manuscrits étudiés par l’équipe de chercheurs taiwanais et espagnols.
Aimable crédit de l’Academia Sinica
La plus importante collection de manuscrits en langue minnan, langue chinoise du groupe min parlée par les habitants du Fujian, province d’origine d’une grande partie des émigrés chinois à Taiwan et en Asie du Sud-Est pendant la dynastie Qing (1644-1911), a récemment fait l’objet d’une datation par une équipe taiwano-espagnole. Ces manuscrits datent du XVIIe s., ont conclu les chercheurs.
 
Constitués de près de 20 000 mots et expressions accompagnés de leur prononciation et signification en espagnol, le Vocabulaire de la langue de Chio Chiu a bien été compilé par des Espagnols installés aux Philippines entre 1626 et 1642, ont-ils indiqué. Chio Chiu se rapporte à l’actuelle Zhangzhou, la ville la plus méridionale du Fujian.
 
L’annonce de cette datation a été faite le 14 avril par des chercheurs de l’Institut d’histoire de Taiwan de l’Academia Sinica, à Taipei, de l’Université nationale Tsing-Hua (NTHU), à Hsinchu, de l’Université Pompeu Fabra, à Barcelone, et de l’Université de Séville, en Espagne. Les travaux de cette équipe ont reçu le soutien de la Fondation Chiang Ching-kuo, à Taipei, dans le cadre d’un projet sur trois ans entre l’Academia Sinica et la NTHU visant à établir des archives historiques entre Taiwan et la Chine continentale à partir de sources provenant d’institutions espagnoles et philippines.
 
Chen Tsung-jen [陳宗仁], chercheur associé à l’Institut d’histoire de Taiwan, a expliqué que les manuscrits, qui appartiennent à l’Université Santo Tomas de Manille, aux Philippines, ont été écrits dans le but de christianiser la communauté chinoise, bourgeonnante à l’époque. Plusieurs dizaines de milliers d’habitants de Zhangzhou ont en effet émigré à Manille à la fin du XVIe s., attirés par l’introduction dans la colonie espagnole d’importantes quantités d’argent depuis les Amériques.
 
Selon Chen Tsung-jen, les manuscrits ont été produits au contact de cette communauté et offrent ainsi un aperçu de grande valeur sur la vie de ces nouveaux immigrés et sur la culture de la Chine méridionale de l’époque. Par exemple, l’expression « sey muy hong » [洗門風], qui se réfère à un châtiment infligé aux individus rompant leurs vœux de mariage ou déshonorant un tiers, est toujours employée dans certains endroits de Taiwan 400 ans plus tard.
 
L’étude de ces manuscrits devrait inspirer de nouvelles recherches sur la perception des communautés chinoises d’Asie du Sud-Est par les Espagnols et sur le développement de la langue minnan dans la région. Elle devrait aussi créer de nouvelles opportunités de coopérations et d’échanges universitaires dans le cadre de la « nouvelle politique en direction du Sud », a estimé le chercheur.
 
La nouvelle politique en direction du Sud est l'un des éléments clés de la stratégie de développement national de la présidente Tsai Ing-wen [蔡英文]. Elle vise à approfondir les liens agricoles, économiques, culturels, éducatifs, commerciaux et touristiques avec les états membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est, six pays d'Asie du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

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