08/05/2024

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« L’Assurance santé nationale de Taiwan contribue à l’objectif de l’OMS d’une couverture universelle »

13/03/2018
Taiwan peut aider l’OMS à atteindre son objectif mondial de couverture santé universelle en partageant son succès dans la mise en œuvre de la NHI, selon le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Chen Shih-chung.
Photo : Huang Chung-hsin / MOFA
Le programme d’Assurance santé nationale (NHI) mis en œuvre à Taiwan est une référence sur le plan mondial en termes de couverture universelle, et il offre des leçons valables quand il s’agit de fournir à tous des soins médicaux de haute qualité à un coût maîtrisé, a déclaré le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Chen Shih-chung [陳時中].
 
Dans un entretien accordé à Taiwan Today, la publication sœur de Taiwan Info en langue anglaise, à l’occasion du 23e anniversaire de la création de la NHI, le 1er mars, Chen Shih-chung estime que la vaste expérience de Taiwan dans ce domaine peut aider l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à réaliser sa priorité, ainsi qu’indiqué par son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, de parvenir à une couverture sanitaire universelle sur le plan mondial. Taiwan espère avoir l’opportunité de partager cette expertise en participant à la 71e Assemblée mondiale de la santé (AMS), l’organe décisionnel de l’OMS, du 21 au 26 mai à Genève, en Suisse.
 
« La NHI est fondée sur le principe de ne laisser personne derrière. Tous les citoyens et résidents étrangers y sont inscrits », souligne le ministre, ajoutant que Taiwan a constamment étendu la couverture au fil des ans.
 
Depuis 2013, les quelque 60 000 personnes incarcérées dans les prisons du pays bénéficient du programme. Qui plus est, depuis décembre 2017, les bébés nés à Taiwan de parents étrangers – qui n’étaient auparavant éligibles qu’à partir de l’âge de 6 mois – sont désormais inclus dans le programme dès leur naissance. Cela, insiste Chen Shih-chung, montre que Taiwan considère l’accès aux soins comme un droit humain fondamental.
 
Les usagers de la NHI ont accès à un vaste éventail de services allant de la médecine occidentale aux traitements de la médecine traditionnelle chinoise, à des prix abordables. Dans une optique d’équité, les cotisations sont calculées en fonction des revenus des individus.
 
Actuellement, le taux de cotisation est de 4,69% pour les salariés, lesquels s’acquittent personnellement de 30% de la cotisation, 60% étant à la charge de l’employeur et 10% couverts par l’Etat. Dans le cadre d’une enquête menée l’an dernier par le ministère, 85% des usagers se disaient satisfaits de la NHI.
 
« L’administration de la NHI, placée sous l’égide du ministère de la Santé et des Affaires sociales, sert de tiers payant pour l’ensemble des services médicaux. Cette organisation permet une efficacité élevée en réduisant significativement les coûts administratifs », explique Chen Shih-chung.
 
En 2017, les dépenses de gestion n’ont représenté que 0,9% du budget total. Selon le ministère, ce niveau est le plus bas dans le monde.
 
En plus de contrôler strictement les coûts, la NHI a permis une amélioration continue de la santé publique à travers l’introduction de médicaments et de traitements de pointe, poursuit le ministre. Récemment, en janvier 2017, de nouveaux antiviraux pour le traitement de l’hépatite C ont ainsi pu être prescrits aux patients atteints d’une forme avancée de la maladie. Cela devrait grandement contribuer au bien-être de la population, alors qu’on estime que jusqu’à 600 000 Taiwanais souffrent de cette pathologie à l’origine de nombreux cancers du foie, selon la Fondation de Taiwan pour la recherche sur la prévention et le traitement des maladies du foie, une organisation à but non lucratif.
 
En 2017, l’administration de la NHI a alloué 2,4 milliards de dollars taiwanais à ces traitements oraux de l’hépatite C, très efficaces mais très coûteux, permettant à quelque 9 300 patients d’en bénéficier. Cette année, 4,25 milliards de dollars taiwanais ont été inscrits au budget avec l’objectif de venir en aide à 17 000 patients.
 
« Il s’agit d’argent bien dépensé. Soigner à temps cette maladie permettra des économies à long terme en prévenant une détérioration de l’état de santé des patients », assure Chen Shih-chung.
 
Depuis le lancement de la NHI, l’espérance de vie moyenne est passée à Taiwan de 74,5 ans à 80,2 ans. Cette augmentation a été remarquée sur le plan mondial, une cinquantaine de délégations étrangères étant venues à Taiwan pour la seule année 2017 afin d’en apprendre plus sur ce programme.
 
Selon le ministère, étant donné le vieillissement rapide de la population taiwanaise et la pression que celle-ci exercera sur les dépenses de santé, l’Etat travaille à assurer la pérennité financière du système.
 
Un pas important a été accompli en ce sens en 2013 avec le lancement de la NHI de deuxième génération. Entre autres changements intervenus, l’Etat a augmenté les recettes de la NHI en prélevant une cotisation additionnelle de 2% sur les revenus exceptionnels tels que les bonus ou les dividendes boursiers (un taux revu légèrement à la baisse en 2016, à 1,91%). Cette mesure a permis d’élargir l’assiette des cotisations en faisant en sorte que la contribution de chacun soit davantage à l’image de ses revenus.
 
Selon Chen Shih-chung, une nouvelle série de réformes devraient être lancée au cours des trois ou quatre prochaines années avec l’objectif d’améliorer encore l’efficacité d’ensemble de la NHI et d’assurer une plus grande justice dans le paiement des cotisations.

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