28/04/2024

Taiwan Today

Politique

L’Assurance-santé nationale de Taiwan : un modèle pour la couverture sanitaire universelle

18/04/2018
Chen Shih-Chung, ministre de la Santé et des Affaires sociales, défend la demande de participation de Taiwan à l’Assemblée mondiale de la santé.
Aimable crédit du ministère de la Santé et des Affaires sociales
Tribune du Dr. Chen Shih-Chung [陳時中], ministre de la Santé et des Affaires sociales de la République de Chine (Taiwan).

Depuis des années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle les Etats membres à agir pour mettre en place d’ici 2030 une couverture sanitaire universelle. Bien que n’étant pas membre de l’OMS, Taiwan offre une couverture sanitaire universelle aux 23,5 millions d’habitants de notre île depuis 1995.
 
Taiwan a lancé l’Assurance-santé nationale (NHI) en regroupant les programmes médicaux des systèmes d’assurance qui existaient pour les salariés, les agriculteurs et les fonctionnaires, et qui couvraient seulement la moitié de la population. Cela a ensuite été étendu pour fournir la même couverture à tous les citoyens dès la naissance, sans distinction d’âge, ni de situation financière ou professionnelle. Qui plus est, tous les ressortissants étrangers travaillant ou résidant légalement à Taiwan bénéficient de la même couverture.
 
La NHI est un programme public à payeur unique, géré par l’Etat. Après sa mise en place, l’espérance de vie à Taiwan a rejoint les niveaux constatés dans des pays-clés de l’OCDE, celle des femmes atteignant 83,4 ans en moyenne, contre 76,8 ans pour les hommes. Pourtant, les dépenses de santé sont bien plus faibles à Taiwan que dans la plupart des pays développés en Europe et en Amérique du Nord. S’établissant à 1 430 dollars américains par année et par personne, elles représentaient en 2016 seulement 6,3% du PIB. Les frais de gestion représentent moins de 1% du total et la satisfaction du public reste élevée, à 85,8% en 2017.
 
Le système de santé de Taiwan a connu depuis plus de 20 ans plusieurs réformes de manière à garantir sa pérennité en tenant compte des changements du paysage socioéconomique. La mise en œuvre du Paiement budgétaire global en plus du remboursement à l’acte a permis de réduire la hausse annuelle des dépenses médicales de 12% à 5% depuis 2003. Et la manière dont les cotisations sont collectées a également changé, dépassant un prélèvement uniquement basé sur les salaires pour inclure des cotisations supplémentaires sur les revenus des capitaux, ce qui a permis au Fonds de l’Assurance-santé nationale de dégager un surplus.
 
De plus, le système informatique de la NHI a migré dans le nuage, permettant aux hôpitaux, cliniques et médecins d’accéder beaucoup plus facilement aux informations médicales. Nous encourageons les hôpitaux à y placer les examens de scanner (tomodensitométrie) et d’imagerie par résonance magnétique (IRM) afin que ceux-ci puissent y être visualisés lors des consultations de suivi. Un service personnalisé basé dans le nuage et appelé My Health Bank permet en outre aux patients de consulter leur dossier médical à tout moment.
 
L’Etat a adopté un large éventail de mesures pour réduire les inégalités en matière de santé affectant les groupes défavorisés. Nous subventionnons les cotisations des ménages à bas revenus ou presque pauvres, ainsi que celles des chômeurs. Nous avons aussi amélioré la fourniture de services dans les régions disposant de ressources sanitaires limitées et mis en œuvre le Système de livraison intégré (IDS) dans les zones enclavées pour y renforcer les capacités de prise en charge et la qualité ses soins. Nous avons aussi augmenté les subventions aux services de médecine préventive à destination des populations autochtones.
 
Dans un monde globalisé, il est impossible pour les pays de surmonter seuls tous leurs défis sanitaires. C’est seulement par une coopération internationale et interdisciplinaire que nous pourrons construire un système de santé mondial répondant de manière constante et avec un bon rapport coût/efficacité aux besoins des citoyens de la planète, et que nous pourrons réaliser le but ultime de l’OMS d’une santé pour tous.
 
Taiwan dispose d’une grande expérience dans la conception et la gestion d’un système d’assurance-santé universel, depuis la gestion des services jusqu’à leur financement, en passant par l’adaptation aux changements socioéconomiques. Qui plus est, nous croyons que le système de santé de Taiwan peut servir de modèle pour d’autres pays. Taiwan a joué un rôle constructif dans la création d’un réseau sanitaire global robuste, et la meilleure façon de partager notre expérience avec les autres pays est de participer à l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) et à l’OMS.
 
Il est regrettable qu’une obstruction politique ait conduit à refuser à Taiwan une invitation à la 70e AMS en tant qu’observateur l’an dernier. L’OMS n’a pas seulement échoué à respecter sa Constitution mais a aussi ignoré les appels à inclure Taiwan lancés par de nombreux pays et organisations médicales internationales partout dans le monde. En dépit de tout cela, Taiwan reste déterminé à contribuer à l’amélioration des réseaux régionaux et mondiaux de prévention des maladies, et à aider les autres pays à surmonter leurs défis sanitaires.

Dans ce contexte, Taiwan cherche à participer à la 71e AMS cette année d’une manière professionnelle et pragmatique, dans le cadre des efforts globaux pour réaliser la vision de l’OMS d’un réseau mondial ininterrompu de prévention des maladies. Cela correspond aussi à l’Objectif de développement durable n°3 des Nations unies qui est de permettre à tous de vivre en bonne santé et de promouvoir le bien-être de tous à tout âge d’ici 2030.
 
C’est pourquoi nous appelons l’OMS et les parties concernées à reconnaitre les contributions anciennes de Taiwan à la promotion de la santé humaine dans le monde, ainsi que la signification et la légitimité de l’implication de Taiwan en tant qu’observateur à l’AMS cette année. Car nous croyons que pour parvenir à la santé pour tous, Taiwan peut aider.

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