L’Institut d’astronomie et d’astrophysique de l’Academia Sinica (ASIAA), à Taipei, a contribué aux observations dévoilées le 10 avril du trou noir supermassif situé au cœur de Messier 87 (M87), une galaxie elliptique géante située à 53 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation de la Vierge. Le consortium scientifique international à l’origine de cette découverte est réuni autour de l’Event Horizon Telescope (EHT), un réseau de huit radiotélescopes répartis sur Terre, dont celui du Groenland piloté par l’ASIAA et par l’Observatoire smithsonien d’astrophysique, aux Etats-Unis.
Au sein de l’EHT, le télescope du Groenland est celui situé le plus au nord, permettant une triangulation avec ses homologues d’Hawaii – l’interféromètre en ondes submillimétriques (SMA) et le télescope James Clerk Maxwell (JCMT) – et l’interféromètre en ondes millimétriques et submillimétriques ALMA (Atacama Large Millimiter/submillimeter Array), un réseau d’antennes installé à 5 000 m d’altitude sur un plateau désertique du nord du Chili, a expliqué Chou Mei-yin [周美吟], une physicienne de l’Academia Sinica.
Une fois synchronisés, ces télescopes et d’autres instruments répartis à la surface de la planète ont pu former une antenne virtuelle gigantesque, les signaux reçus étant combinés et amplifiés pour réaliser l’image finale qui a saisi astronomes professionnels et amateurs, autant que le grand public, lors de la conférence de presse organisée le 10 avril simultanément dans six villes à travers le monde, dont Taipei.
En plus de piloter le projet de télescope du Groenland, lequel était à l’origine un prototype conçu pour l’ALMA et ensuite confié à l’équipe taiwano-américaine, l’Academia Sinica est également chargée d’analyser les données obtenus par le SMA, le JCMT et l’ALMA, a expliqué Chou Mei-yin. « Taiwan a contribué de manière significative à ce projet massif », a-t-elle ajouté.