Une sénatrice et deux députées françaises ont récemment adressé des questions écrites au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour connaître la position du gouvernement français à l’égard de l’inclusion de Taiwan à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que s’étend l’épidémie de Covid-19 causée par le nouveau coronavirus.
Le 23 janvier, la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam (Les Républicains), représentant les Français établis hors de France, a interpellé le ministre sur les perspectives d’avenir des relations bilatérales entre la France et Taiwan.
Elle y interroge « le bien-fondé de l’isolement imposé à ce pays depuis la résolution 2758 de 1971 ». « Malgré le veto de Pékin à toute demande d’adhésion, souligne-t-elle, Taiwan applique à la lettre les recommandations de l’organisation des Nations unies (Onu), et a un comportement et un bilan exemplaires, notamment en matière de protection de l’environnement, d’énergies vertes, de soins médicaux, d’éducation et de lutte contre la pauvreté. »
« Priver Taiwan d’accès au cadre onusien est une faute politique, diplomatique et stratégique majeure, potentiellement très dommageable », estime-t-elle. « A l’heure de l’apparition en Chine de virus rappelant le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) de 2003, une participation de Taiwan à l’OMS – ne serait-ce qu’avec un simple statut d’observateur – pourrait par exemple s’avérer très utile pour aider à juguler les risques d’épidémie », écrit-elle dans cette question écrite datée de la fin janvier.
Dans deux questions écrites similaires publiées au Journal officiel le 18 février, les députées Marie-Noëlle Battistel (Socialistes et apparentés) et Jeanine Dubié (Liberté et territoires) demandent à leur tour au ministre « de préciser les termes de la politique de coopération entre la France et Taiwan, plus particulièrement en matière de santé publique et s’agissant du traitement de l’épidémie de coronavirus ».
« Le traumatisme de l’épidémie de Sras, écrivent-elles, est encore bien présent chez les Taiwanais. Toutefois, Taiwan déplore aujourd’hui le manque d’aide internationale et semble exclu des mécanismes de coopération et de solidarité qui se mettent en place entre les pays. En effet, ce pays semble être "mis en quarantaine" sur la scène internationale. L’île déplore notamment le manque de transparence de l’OMS à son égard. »
« Ce sujet concerne au premier plan la France, car au-delà des liens profonds et sincères qui unissent les deux pays, quelques milliers de Français sont expatriés à Taiwan », soulignent-elles.