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Politique

Justice transitionnelle : lancement d’une base de données sur les victimes de persécutions politiques

27/02/2020
Une nouvelle base de données en ligne présente les dossiers judiciaires de près de 10 000 victimes de persécutions politiques à Taiwan entre 1949 et 1987.
CNA
La commission pour la Justice transitionnelle, à Taipei, a lancé le 26 février une base de données en ligne présentant (en mandarin) les dossiers judiciaires de près de 10 000 victimes de persécutions politiques à Taiwan entre 1949 et 1987, sous le régime autoritaire du Kuomintang (KMT). Ces dossiers contiennent les noms des officiers militaires impliqués dans les procès de ces victimes aujourd’hui réhabilitées.
 
La base de données de la justice transitionnelle de Taiwan fournit des informations permettant de savoir qui étaient les victimes, qui furent les perpétrateurs des persécutions politiques, et pour quelles raisons, a expliqué Yeh Hung-lin [葉虹靈], la porte-parole de la commission.
 
Elle permet au public d’accéder aux dossiers judiciaires qui ne pouvaient jusqu’ici être consultés que sur demande auprès de l’administration des Archives nationales. Dans un souci de clarté, chaque dossier fait l’objet d’une présentation par la commission.
 
D’après la commission, la base de données contient pour l’heure plus de 1 000 photographies et les dossiers judiciaires d’environ 9 800 personnes condamnées pour des motifs politiques sous la loi martiale en vigueur de 1949 à 1987.
 
Parmi ces personnes persécutées et envoyées devant la justice militaire, 5 500 étaient des Taiwanais dont les familles étaient installées sur l’île depuis plusieurs générations, alors que 4 300 étaient des Chinois récemment arrivés à Taiwan à la suite du gouvernement nationaliste, a indiqué la commission.
 
Quant aux hauts gradés impliqués dans la tenue des procès, la base de données montre que l’ancien président Chiang Kai-shek [蔣介石] a joué un rôle au sein de l’accusation dans 3 195 cas, le général Chou Chih-jou [周至柔] dans 2 506 cas, et le général Kuei Yung-ching [桂永清] dans 1 241 cas, selon la commission.
 
La base de données ne prend pas en compte les exécutions extrajudiciaires intervenues pendant la répression de l’Incident du 28 février 1947. Il s’agit d’un point de départ, a expliqué la commission qui espère compléter ces données avec des informations sur la police secrète et le système de surveillance de la société mis en place à l’époque.

L’Incident du 28 février 1947 est le nom donné à un soulèvement antigouvernemental violemment réprimé par le gouvernement de la République de Chine alors dirigé par le KMT. Le 27 février 1947, une femme qui vendait illégalement des cigarettes dans une rue de Taipei est brutalisée par des agents du Monopole des tabacs. Un passant est tué. Le lendemain, la foule manifeste violemment sa colère et la police fait feu. Des émeutes violentes embrasent alors toute l’île de Taiwan. Le gouverneur Chen Yi [陳儀] donne d’abord l’impression de temporiser mais, à partir du 8 mars 1947 et pendant plusieurs semaines, des troupes du KMT dépêchées du continent répriment les troubles, faisant de nombreuses victimes. La loi martiale sera décrétée deux ans plus tard.

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