03/05/2024

Taiwan Today

Politique

Justice transitionnelle : cent victimes de la répression politique à leur tour exonérées

29/03/2021
La présidente Tsai Ing-wen (au centre), le premier ministre Su Tseng-chang (3e à d.) et la présidente de la commission pour la Justice transitionnelle Yang Tsui (3e à g.) étaient entourés le 27 mars à Taipei des victimes exonérées et de leurs proches.
Aimable crédit de la Présidence de la République
La commission pour la Justice transitionnelle a annoncé le 27 mars l’annulation de 105 charges pesant sur cent personnes injustement condamnées à l’époque où Taiwan était sous loi martiale. Lors d’une cérémonie organisée à Taipei en présence de la présidente de la République Tsai Ing-wen [蔡英文] et du premier ministre Su Tseng-chang [蘇貞昌], ces victimes ont été officiellement exonérées des crimes de rébellion, d’espionnage ou encore de subversion pour lesquels elles avaient été condamnées à l’époque.
 
Etablie en mai 2018, la commission pour la Justice transitionnelle est chargée de faire la lumière sur la répression politique menée par le gouvernement du Kuomintang (KMT) entre le 15 août 1945, date de la prise de contrôle de Taiwan par la République de Chine après la capitulation japonaise, et le 6 novembre 1992, dernier jour où la loi martiale s’est appliquée sur les archipels de Kinmen et de Matsu, plusieurs années après avoir pris fin à Taiwan proprement dit, en juillet 1987.
 
D’après la commission, figurent parmi les victimes de répression politique récemment exonérées des personnes ayant participé à des manifestations pendant leurs études, d’anciens journalistes, des personnes ayant défendu l’accès à leur domicile pendant les Evénements du 28 février 1947, ou encore des dissidents politiques victimes de la « Terreur blanche ».
 
A ce jour, la commission a réhabilité en sept vagues successives un total de 5 937 personnes injustement condamnées, dans le cadre de 5 942 affaires.
 
« Réaliser la justice transitionnelle est nécessaire pour que Taiwan approfondisse sa démocratie, a déclaré la chef de l’Etat. C’est seulement en affrontant la vérité et en soignant les plaies collectivement que notre société pourra laisser les griefs derrière elle et aller de l’avant. »

A la tête de la commission, Yang Tsui [楊翠] a regretté qu’une victime et qu’un proche d’une autre victime soient décédées quelques jours seulement avant cette cérémonie. Elle s’est engagée à accélérer le travail de la commission au bénéfice des victimes et de leurs familles.
 
Les Evénements du 28 février 1947 sont le nom donné à un soulèvement antigouvernemental violemment réprimé par le gouvernement de la République de Chine alors dirigé par le KMT. Le 27 février 1947, une femme qui vendait illégalement des cigarettes dans une rue de Taipei est brutalisée par des agents du Monopole des tabacs. Un passant est tué. Le lendemain, la foule manifeste violemment sa colère et la police fait feu. Des émeutes violentes embrasent alors toute l’île de Taiwan. Le gouverneur Chen Yi [陳儀] donne d’abord l’impression de temporiser mais, à partir du 8 mars 1947 et pendant plusieurs semaines, des troupes du KMT dépêchées du continent répriment les troubles, faisant de nombreuses victimes. La loi martiale sera décrétée deux ans plus tard. Une période de répression politique s’en suivra, désignée à Taiwan sous le nom de « Terreur blanche ».

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