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JO de Rio : les Taiwanais rêvent d’or

08/08/2016
Les athlètes taiwanais faisant leur entrée dans le stade lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio, le 5 août 2016.
CNA
Le 27 avril dernier, à 100 jours de l’ouverture officielle des Jeux olympiques (JO) d’été de Rio, au Brésil, l’élite du sport taiwanais était réunie au Centre national d’entraînement sportif (NSTC) de Zuoying, à Kaohsiung, dans le sud de Taiwan. L’excitation était palpable, alors que certains sportifs, déjà assurés de leur qualification, discutaient de leurs chances de décrocher une médaille. « Je rêve de participer aux JO depuis que j’ai commencé la lutte, il y a sept ans. Et enfin, mon tour est venu, alors je vais tout donner », confiait Chen Wen-ling [陳玟陵], qui a obtenu son billet pour Rio en lutte féminine.

Participant à la compétition sous le nom de Taipei chinois, Taiwan a remporté ses deux premières médailles d’or à Athènes, en Grèce, en 2004. Les deux champions olympiques de taekwondo sacrés cette année-là, Chen Shih-hsin [陳詩欣] et Chu Mu-yen [朱木炎], étaient les invités d’honneur de la rencontre de Kaohsiung. Lors des JO suivants de 2008 et 2012, les athlètes taiwanais ont remporté au total six médailles, dont une en or décrochée à Londres, au Royaume-Uni, par l’haltérophile Hsu Shu-ching [許淑淨], laquelle défendra son titre à Rio.

Des sports très variés

Le NSTC, qui est financé et supervisé par la direction générale des Sports au ministère de l’Education, est responsable de l’entraînement des athlètes en vue des JO et des autres compétitions sportives internationales depuis 1976. L’objectif du gouvernement était cette année de franchir la barre des 50 athlètes qualifiés pour Rio, un objectif largement dépassé puisque la délégation taiwanaise compte finalement 59 noms dans 18 sports différents. La direction générale des Sports espère en outre que les Taiwanais décrocheront lors de ces JO d’été au moins trois médailles d’or, deux d’argent et une de bronze. Il s’agirait d’un record pour Taiwan et surtout d’une formidable performance au regard de la médaille d’or et de celle de bronze glanées à Londres en 2012.

La grande majorité des futurs athlètes olympiques s’entraîne au NSTC, aux côtés de plus de 400 autres sportifs de haut niveau qui participeront à l’Universiade d’été 2017, organisée à Taipei, et aux Jeux asiatiques de Djakarta, en Indonésie, en 2018.

« La diversité de la sélection taiwanaise, signe que le cercle des sportifs de talent s’élargit dans l’île, va en surprendre plus d’un ! », lance, enthousiaste, le directeur général du NSTC, Chiu Ping-kun [邱炳坤]. Par exemple, la délégation olympique taiwanaise compte cette année pour la première fois des concurrents dans les épreuves de boxe, de lutte libre et de sports équestres (saut d’obstacles). Mais c’est peut-être la participation du gymnaste Lee Chih-kai [李智凱] qui a le plus retenu l’attention à Taiwan. Le jeune homme, qui est dans sa 20e année, faisait partie il y a 11 ans de l’équipe de gymnastique d’une école élémentaire du district d’Yilan, dans le nord-est de Taiwan, dont le documentaire à succès Jump! Boys. avait dressé le portrait. Lee Chih-kai est la première personne à représenter Taiwan en gymnastique artistique depuis 2000.

Si le nombre d’athlètes et de sports représentés s’est remarquablement élargi, le taekwondo et l’haltérophilie restent les valeurs sures du sport taiwanais. Depuis 1960, parmi les 21 médailles gagnées aux JO par Taiwan (que ce soit sous le nom de République de Chine, de Taiwan ou de Taipei chinois), 14 l’ont été dans ces deux disciplines.

Effort national

Liu Wei-ting [劉威廷] est grand et mince. Ses membres allongés et sa carrure solide en font un athlète idéal pour sa discipline, le taekwondo. Le jeune homme de 21 ans combattra à Rio dans la catégorie des moins de 80 kg, ce qui le placera en face de spécialistes d’arts martiaux parmi les plus véloces et polyvalents au monde. En avril, il ne semblait toutefois pas impressionné outre-mesure par cette perspective et expliquait sa stratégie d’entraînement : « Je suis les instructions de mes entraîneurs pour développer ma force et mes muscles, et pour rendre mon style de combat plus agressif ». « Je dois m’améliorer si je veux avoir une chance de m’imposer face à mes adversaires principaux qui sont occidentaux pour la plupart », ajoutait-il.

L’archère Tan Ya-ting [譚雅婷] suit elle aussi à la lettre les conseils de son coach, le Sud-Coréen Koo Ja-chung. Ce dernier sait ce que gagner veut dire : il était le sélectionneur de l’équipe nationale féminine sud-coréenne quand celle-ci a dominé les Jeux de Pékin, en 2008. Selon Tan Ya-ting, au cours des mois qui ont précédé les JO, son entraînement a été plus mental que physique. « Grâce à des exercices de respiration, j’apprends à contrôler mon rythme cardiaque, dit-elle. Et l’ensemble de l’équipe pratique la méditation pendant 10 à 15 minutes avant chaque entraînement, ce qui nous aide à nous calmer. Cela est particulièrement important en tir à l’arc. »

Les athlètes taiwanais bénéficient d’équipements d’entraînement modernes installés dans deux complexes sportifs construits par l’Etat dans l’enceinte du NSTC et inaugurés en mai 2015. « L’investissement substantiel – à peu près 2,3 milliards de dollars taiwanais – réalisé dans ces nouveaux centres sportifs reflète la volonté de l’Etat de soutenir le développement de champions de niveau mondial », explique Chiu Ping-kun.

« Le nouveau centre d’entraînement de taekwondo a été conçu pour ressembler le plus possible à une salle de compétition, dit Lee Chia-jung [李佳融], sélectionneur de l’équipe nationale de taekwondo. Il est complet, avec les équipements les plus modernes, dont un casque dernier cri doté de capteurs électroniques. » Qui plus est, confie-t-il, le centre d’entraînement est en pratique à la disposition de l’équipe nationale.

Pour aider les athlètes à être en excellente condition physique, le NSTC reçoit l’aide de spécialistes dans les domaines de la nutrition et de la psychologie du sport. « La préparation des athlètes de haut niveau est désormais bien plus sophistiquée que lorsque je m’entraînais pour les Jeux olympiques, dans les années 80, dit Tsai Wen-yi [蔡溫義], l’entraîneur de l’équipe nationale d’haltérophilie. A l’époque, on ne connaissait pas les sciences du sport et tout ce qui va avec. On ne faisait que s’entraîner dur pendant des heures tous les jours. Maintenant, nous gérons la santé des athlètes, ce qui les aide à s’entraîner à la juste mesure, ni trop, ni trop peu. »

Sept haltérophiles taiwanais seront présents à Rio. Selon Tsai Wen-yi, vainqueur du bronze chez les moins de 60 kg à Los Angeles en 1984, quatre d’entre eux sont capables de décrocher l’or, dont Hsu Shu-ching [許淑淨] et Lin Tzu-chi [林子琦], détentrices des records du monde féminins chez les moins de 53 kg et les moins de 63 kg, respectivement.

Les fruits de la victoire

Après Rio, tous les médaillés olympiques rentreront dans leur pays auréolés, fiers et respectés par leurs pairs. Certains négocieront sans doute un contrat publicitaire avec une marque d’équipements sportifs ou autre. Pour les médaillés taiwanais, la victoire se parera d’atours supplémentaires. Depuis septembre 2015, les champions olympiques sont en effet assurés de recevoir de la part de l’Etat la somme de 20 millions de dollars taiwanais (contre 12 millions précédemment), les récompenses attribuées aux médaillés d’argent (7 millions de dollars) et de bronze (5 millions de dollars) restant inchangées. Les champions et médaillés olympiques peuvent choisir de toucher ces sommes sous la forme d’un versement mensuel à vie de 125 000, 38 000 et 24 000 dollars, respectivement. Qui plus est, ces montants sont augmentés de 50% en athlétisme, en natation et en gymnastique, de manière à rendre ces sports, olympiques par excellence, plus populaires à Taiwan.

Pour développer la formation des jeunes sportifs, la direction générale des Sports a lancé en 2012 le programme « Marée montante », lequel est financé par le Fonds de développement des sports, lui-même abondé par les recettes du loto sportif (depuis 2007, cette loterie permet au public de parier sur les résultats des rencontres sportives). Le fonds de développement cible des jeunes athlètes et leur fournit une aide financière permettant de couvrir les frais liés à leur entraînement ou à leur participation à des compétitions à l’étranger. En 2015, 1 335 jeunes sportifs et plusieurs centaines d’entraîneurs ont touché par ce biais un total de 140 millions de dollars taiwanais de subventions.

« Cette initiative permet aux jeunes athlètes de prendre rapidement la relève de leurs prédécesseurs », relève Hung Chih-chang [洪志昌], directeur du département du sport de compétition à la direction générale des Sports. Ainsi, souligne-t-il, l’ensemble des 48 athlètes ayant participé aux Jeux olympiques de la jeunesse d’été 2014 de Nankin, en Chine, bénéficiaient de ce programme.

Le directeur général du NSTC, Chiu Ping-kun, reconnaît que l’objectif de trois médailles d’or au cours de ces Jeux olympiques d’été est ambitieux. L’Etat, dit-il, fait sa part en termes de soutien aux athlètes en mettant à leur disposition des entraîneurs, des incitations financières et des équipements sportifs, mais même la meilleure des préparations ne garantit pas une place sur le podium olympique.

En fin de compte, tout dépend de cet instant où les athlètes choisissent de dépasser leurs limites. L’haltérophile Hsu Shu-ching a connu ce moment si particulier lors des Jeux asiatiques 2014 d’Incheon, en Corée du Sud. Pour conquérir l’or, elle devait soulever 127 kg à l’épaulé-jeté. A sa première tentative, elle est parvenue à soulever 124 kg, puis 127 kg à la deuxième, ce qui lui garantissait de monter sur la première marche du podium. Puisant dans ses dernières forces, elle a soulevé 132 kg à son troisième essai, établissant un nouveau record du monde. « C’est pour moi la compétition la plus inoubliable. A ce moment-là, je ne savais pas que je pouvais soulever un tel poids, dit-elle. Je n’aurais jamais été capable de réaliser cet exploit à l’entraînement. » C’est de cette détermination dont les athlètes taiwanais doivent faire preuve s’ils veulent retourner au pays en champions olympiques.

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