28/04/2024

Taiwan Today

Accueil

Au fil du temps

30/12/2016
Les travaux réalisés à la main par Wu Shu-mei comportent souvent des motifs de dragon ou de phœnix.
Aux abords du temple de Longshan, dans l’arrondissement de Wanhua à Taipei, on trouve pléthore de petites échoppes vendant diverses offrandes, de la monnaie votive, des bâtonnets d’encens et des statues de divinités, entre autres objets bouddhistes ou taoïstes. Parmi elles, l’atelier de broderie main Nanhsin est le seul à être spécialisé dans la confection d’étendards, fanions et drapeaux pour les temples et de tenues pour les divinités qu’ils abritent. Fondé par Lin Rong-guan [林榕官] il y a plus de 70 ans, il est aujourd’hui tenu par sa belle-fille, Wu Shu-mei [吳淑美], laquelle est entrée dans l’entreprise familiale en même temps qu’elle épousait le fils de la maison, en 1977.

Au contraire de la création artistique qui permet l’expression d’un sens esthétique individuel, la broderie de pièces religieuses suppose le respect de règles strictes. Par exemple, les motifs de dragon ne peuvent figurer que sur le vêtement des dieux, les phœnix étant l’apanage des déesses. Le dieu de la Guerre s’habille en vert, la déesse de la Mer en orange. Dans tous les cas, la patience est une vertu essentielle, plusieurs mois de travail pouvant être nécessaires pour la réalisation d’une pièce.

Au plus fort de son activité, cet artisanat regroupait dans le quartier plusieurs magasins employant chacun des dizaines d’ouvriers. Le développement du design assisté par ordinateur et les importations de produits à bas prix fabriqués de manière industrielle ont porté des coups fatals à ce secteur traditionnel. Depuis le décès de son beau-père et le départ à la retraite de sa belle-mère il y a quelques années, Wu Shu-mei est seule à la barre.

Elle a bien cherché à transmettre son art en prenant au fil des ans quelques apprentis. Toutefois, ceux-ci ont tous démissionné après quelques mois de couture. Elle a également donné des cours dans une université populaire mais a dû admettre que quelques heures hebdomadaires pouvaient certes améliorer la technique d’amateurs mais ne suffisaient pas à former de véritables professionnels. Alors, chez Nanhsin, on peut apercevoir Wu Shu-mei assise, seule, penchée sur son ouvrage. A mesure que son aiguille transperce le tissu, un dragon prend forme.
 
 

Les tracés de motifs créés par le fondateur de l’atelier de broderie main Nanhsin, Lin Rong-guan.

Un motif dessiné sur une pièce de tissu.

 


Le vieux cadre de broderie en bois continue pour l’instant son office mais le métier se perd.

La broderie à la main demande de la patience, plusieurs mois pouvant être nécessaires pour achever une pièce.

 


La demande en pièces religieuses brodées main n’est plus aussi forte qu’autrefois. Aujourd’hui, la plupart des tenues et draperies sont conçues par ordinateur et fabriquées de manière industrielle.

Dans un temple dédié au dieu du Sol, une déité revêt une tenue confectionnée sur mesure par l’atelier Nanhsin.

 


Les plus lus

Les plus récents