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Médecins en formation

28/04/2018
Des inscrits à l’Ecole de médecine pour étudiants internationaux ayant achevé leur deuxième année prêtent le serment médical avant d’entamer leur externat.
Aimable crédit de l’ISU

Une bourse d’Etat permet de former la prochaine génération de professionnels de santé de plusieurs pays alliés de Taiwan.

En juin 2017, tout sourire dans leurs toges noires, 32 étudiants étrangers recevaient leur licence de médecine à l’occasion de la première cérémonie du genre organisée à l’Université I-Shou (ISU), à Kaohsiung, dans le sud de Taiwan. Originaires de 12 pays d’Afrique, des Antilles, d’Amérique centrale et du Pacifique, ces jeunes gens formaient la première promotion d’un programme du gouvernement taiwanais destiné à renforcer l’expertise sanitaire et la qualité des soins au sein des pays alliés de la République de Chine (Taiwan).
 
Parmi les bénéficiaires de ce programme figurait David Alfred, venu des îles Marshall. « Etudier à l’ISU a été une expérience fantastique, confie le jeune homme, âgé de 26 ans, qui est depuis retourné dans son pays faire son internat. Le cursus proposé par l’université était bien conçu, avec un bon équilibre entre cours théoriques et pratique clinique. »
 
Après un internat d’un an à l’hôpital de Majuro, le plus grand centre de soins tertiaires des îles Marshall, Alfred pense se spécialiser dans le traitement des complications liées au diabète, une question de santé publique majeure dans cet Etat insulaire du Pacifique. « De nombreux patients finissent par être hospitalisés avec des fractures des os, des problèmes oculaires, des maladies cardiaques, entre autres pathologies, explique-t-il. Nous manquons de médecins pour faire face à ces problèmes, raison pour laquelle je veux devenir chirurgien et contribuer à réduire cette pénurie. »

Des boursiers participent à tour de rôle à la vie des services de l’hôpital E-Da, situé près de l’ISU.
(Aimable crédit de l’Université I-Shou)

Formation médicale gratuit

Lancé en 2013, le programme de bourses pour la licence de médecine s’adresse à des étudiants des pays alliés de Taiwan et est financé par le ministère des Affaires étrangères, à Taipei. Il est supervisé par le Fonds de coopération internationale et de développement (Taiwan ICDF), l’agence en charge de l’aide au développement fournie par Taiwan, et dont le siège est à Taipei. Les participants ont suivi les cours de l’Ecole de médecine pour étudiants internationaux (SMIS) de l’ISU, spécialement établie au sein de la faculté de médecine de l’université.
 
Les candidats au programme doivent être titulaires d’une licence universitaire et sont admis sur la base d’une épreuve écrite et d’un examen de leur dossier. S’ils sont admis, ils bénéficient d’une bourse pour toute la durée de leurs études, laquelle couvre y compris les billets d’avion, le logement, l’assurance, les manuels universitaires, l’inscription ainsi qu’une indemnité mensuelle de 15 000 dollars taiwanais. A ce jour, 180 étudiants ont été acceptés dans ce programme.
 
L’école est résolue à enseigner aux étudiants les pratiques, technologies et principes médicaux les plus à jour de manière à ce qu’ils puissent ensuite fournir aux patients des soins de haut niveau, affirme Chen Yun-ju [陳韻如], présidente associée de la SMIS. Les inscrits reçoivent aussi une formation à la direction et à la gestion hospitalières de manière à renforcer leurs capacités en formulation de politiques publiques, dit-elle. « Notre espoir est qu’ils contribuent à l’aide humanitaire outre-mer et au développement mondial des soins de santé. »
 
Le cursus dispensé par le SMIS est divisé en deux étapes. Les deux premières années, les étudiants suivent des cours de matières générales et de sciences médicales à l’ISU, dans des domaines allant de la génétique à l’anatomie en passant par la microbiologie et la communication médecin-patient. Tous les cours sont assurés en anglais, à l’exception d’un cours obligatoire de mandarin. Pendant les deux années suivantes, les étudiants effectuent des stages en médecine de ville et dans des services de spécialités des établissements des environs, l’hôpital E-Da et l’hôpital pour cancéreux E-Da. Les deux institutions sont, tout comme l’ISU, affiliées au conglomérat E United Group.

L’université a recours à différents supports pour enseigner l’anatomie, y compris des systèmes d’imagerie en trois dimensions les plus modernes. (Photos : Huang Chung-hsin et aimable crédit de l’ISU)

Liang Cheng-loong [梁正隆], administrateur associé de la SMIS et chef du service de médecine internationale de l’hôpital E-Da, dit que les externats procurent une expérience de grande valeur dans une gamme de spécialités cliniques. En passant d’un service à l’autre, les étudiants peuvent ausculter les patients avec l’accord de ces derniers et pratiquer des procédures non invasives sous la supervision de médecins. Des visites de dispensaires et de cliniques de proximité sont aussi organisées pour mettre en lumière les problématiques différentes entre les zones urbaines et rurales.
 
Accrédité par Joint Commission International (JCI), l’une des principales organisations internationales dédiées à la sécurité des patients, l’hôpital E-Da dispose d’importantes ressources en matière de formation médicale, explique Liang Cheng-loong. Les étudiants y sont formés par d’excellents spécialistes et acquièrent une expérience directe en maniant des équipements à la pointe de la modernité, ajoute-t-il. Cet engagement à adopter les dernières technologies en date est partagé par l’ISU, laquelle est devenue en 2016 la première université taiwanaise à se doter d’une table Anatomage, le système de visualisation et d’enseignement de l’anatomie le plus perfectionné du marché, grâce auquel les étudiants peuvent disséquer virtuellement des organes et tissus humains.
 
Rattrapage

Liang Cheng-loong souligne que la formation des professionnels est un aspect souvent négligé dans le renforcement des services de soins des pays en développement. « Notre hôpital a fourni du matériel médical, fait don d’équipements et offert ses services à des établissements chez des alliés diplomatiques et pays partenaires, dit le neurochirurgien. Toutefois, nous avons parfois constaté que ces appareils étaient tombés en panne ou n’étaient pas utilisés faute de formation à leur maniement. »
 
L’un des objectifs des bourses de médecine est justement de pallier ce manque d’expertise. « Augmenter le nombre de médecins chez nos alliés diplomatiques et une méthode d’aide plus efficace que d’envoyer sur place des missions médicales, dit Liang Cheng-loong. Un développement sanitaire durable nécessite un vivier stable de professionnels de santé bien formés. »

Le programme a pour but de former la prochaine génération de médecins des alliés diplomatiques de Taiwan. (Aimable crédit de l’ISU)

Chen Yun-ju note que le programme bénéficie aussi à l’ISU en internationalisant son recrutement et en faisant connaître l’établissement à l’étranger. « Les échanges internationaux améliorent les résultats de l’apprentissage et de l’enseignement. Ils aident les étudiants et la faculté à apprécier les différentes cultures et à améliorer leur niveau en anglais et dans d’autres langues », dit-elle.
 
Depuis sa création en 1190, l’ISU a consacré des efforts considérables à créer des liens avec des institutions outre-mer. A ce jour, elle a signé des accords de jumelage avec 299 universités et 214 lycées dans 24 pays, alors que ses effectifs incluent à l’heure actuelle plus de 1 970 étudiants étrangers en provenance de 46 pays et territoires. « Le succès des différentes mesures visant à internationaliser notre campus et nos formations fait de l’ISU un hôte idéal pour le programme de bourses médicales », ajoute Chen Yun-ju.
 
Une expérience qui change la vie

Carlos Cubero, un étudiant de deuxième année à la SMIS, vient du Honduras, un allié diplomatique de Taiwan. Il a choisi Taiwan, guidé par la solide réputation du pays en matière de recherche médicale et de son rôle leader dans des domaines tels que la chirurgie micro-invasive assistée par la robotique. « Les médecins taiwanais publient énormément et leur réputation internationale n’est plus à faire, dit-il. Je suis venu ici car je voulais obtenir la meilleure éducation possible. »
 
Selon le jeune homme, la SMIS propose un cursus bien structuré offrant une instruction claire et pratique dans tous les aspects fondamentaux de la médecine moderne. « Les deux hôpitaux affiliés à l’université sont équipés d’instruments et d’appareils high-tech, ce qui nous permet de découvrir comment les technologies les plus récentes sont utilisées, dit-il. Je veux vraiment en apprendre plus sur toutes ces avancées afin de pouvoir partager cette connaissance quand je rentrerai à la maison. »

Les étudiants étrangers sont encouragés à prendre part à diverses activités sportives et culturelles, comme les courses de bateaux-dragons. (Aimable crédit de l’ISU)

Avoir l’opportunité d’étudier la médecine traditionnelle chinoise a également pesé dans la décision de Carlos Cubero. Au Honduras, certains patients, en particulier les plus âgés, préfèrent les traitements alternatifs par les plantes, et combiner les approches chinoise et occidentale pourrait les encourager à consulter un médecin.
 
Cody Jack, un étudiant de 27 ans en quatrième année venu des îles Marshall, effectue actuellement un externat à l’hôpital E-Da. « Etudier à l’ISU a été une expérience formidable. J’ai appris énormément tant sur le plan du savoir que de la pratique, dit le jeune homme. Je suis sûr que ce programme m’aidera à acquérir les compétences requises pour pratiquer une médecine de qualité. »
 
Après le lycée, Cody Jack a obtenu une licence de biologie à l’université d’Eastern Washington, aux Etats-Unis. Il a ensuite entendu parler du programme de Taiwan ICDF et a décidé de s’y porter candidat. « Cette bourse qui couvre l’ensemble du cursus est généreuse. Je suis très reconnaissant d’avoir cette chance de recevoir une éducation médicale gratuite. »
 
A la fin de ses études, en juin, Cody Jack prévoit de retourner dans son pays pour un internat au sein d’un hôpital public. Son but est de spécialiser en pédiatrie et d’ouvrir un cabinet dans son village, une communauté rurale où les services de santé sont limités.
 
D’après Cody Jack, il y a aux îles Marshall seulement une vingtaine de médecins pour 60 000 habitants. Le pays ne disposant pas de faculté de médecine, la plupart des praticiens viennent des îles Fidji ou des Philippines et peu d’entre eux sont des spécialistes. « Mon unique motivation pour étudier la médecine est que mon pays a besoin que je devienne un docteur, confie-t-il. Avec l’aide des Taiwanais, je vais faire tout mon possible pour atteindre ce but. »

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