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« Deux sites complémentaires »

01/05/2016
Une œuvre d’art numérique met en valeur les pièces exposées sur le thème de la culture du thé. (JIMMY LIN / TAIWAN PANORAMA)
La directrice du Musée national du palais revient sur le long travail de planification et de construction de la Branche Sud

Nommée à la tête du Musée national du palais (NPM) en septembre 2012 après en avoir été la sous-directrice pendant plus de quatre ans, Fung Ming-chu [馮明珠] a accompagné l’essentiel du travail préparatoire de la Branche Sud du musée, située à Taibao, dans le district de Chiayi. Envisagée dès 2000 et approuvée par le Yuan exécutif en 2004, sa construction, au milieu de la plaine s’étendant de Chiayi à Tainan, a connu un coup d’arrêt en 2008 avant de finalement aboutir à la fin de l’année dernière. Inaugurée le 28 décembre 2015, la Branche Sud se visitait sur rendez-vous jusqu’au 31 mars 2016, avant d’ouvrir largement ses portes au public depuis le 1er avril.

« A Taipei, le Musée national du palais est consacré à l’art chinois, rappelle Fung Ming-chu. Plutôt que d’être la copie conforme du musée de Taipei, la Branche Sud est la première institution muséale asiatique à s’intéresser aux arts et cultures de toute l’Asie. Les deux sites ont bien sûr des points communs mais aussi des différences. Ils sont complémentaires. »

Les expositions proposées dans la Branche Sud du NPM ont pour ambition de prendre le pouls du développement culturel asiatique. « L’Asie a donné naissance à trois grandes civilisations : la Chine, l’Inde et la Perse, avance Fung Ming-chu. La civilisation chinoise appartient à l’Asie de l’Est mais, depuis l’antiquité, la Chine a développé des liens terrestres et maritimes avec les autres aires civilisationnelles de l’Asie et a été influencée par elles. La Branche Sud entend adopter une perspective large à travers ses collections, son travail de recherche et sa politique d’emprunt, en exposant des contenus mettant en valeur les différentes conceptions de l’art asiatique, dont l’art chinois. »

Ambitieuse, diverse, internationale : ces trois adjectifs caractérisent bien la Branche Sud dans son approche des trois grandes civilisations asiatiques. Ils s’appliquent aussi à l’architecture du bâtiment principal, tout en longueur et conçu par le Taiwanais Kris Yao [姚仁喜]. Plutôt que de parler d’un musée et de son annexe, la directrice du NPM préfère évoquer un musée réparti sur deux sites, l’un au nord et l’autre au sud de l’île. « Il n’y a qu’un Musée national du palais et les deux sites partagent les mêmes collections. »

Des trésors en commun

A ceux qui s’inquiètent de voir des collections inestimables scindées en deux, Fung Ming-chu rappelle que le NPM détient plus de 700 000 œuvres et documents dont une partie seulement est exposée au musée de Taipei. En plus d’exposer des pièces prêtées par le site de Taipei, la Branche Sud constituera en outre ses propres collections, à travers des acquisitions et des dations notamment. « Nous n’avons toutefois pas souhaité créer deux établissements séparés car cela aurait dilué la puissance de notre musée », résume sa directrice. Elle cite l’exemple du Louvre, à Paris, qui a ouvert un musée à Lens, dans le nord de la France, et en ouvrira bientôt un autre à Abou Dabi, aux Emirats arabes unis, ce qui lui donnera simplement plus d’occasions de montrer ses collections, commente-t-elle.

L’équipe en charge de préparer le parcours muséographique de la Branche Sud a commencé son travail sur place dès 2012, formant aux méthodes de transport, de stockage et de manipulation des œuvres d’art le personnel recruté sur place. Le déballage et l’accrochage des pièces expédiées depuis Taipei ont été réalisés par le personnel de la Branche Sud, sous la supervision de leurs collègues de Taipei. L’expérience accumulée depuis des décennies au sein du site de Taipei a ainsi pu être transmise aux nouvelles recrues méridionales.

Fung Ming-chu travaille pour sa part au NPM depuis 37 ans, et c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle a assisté à la sortie de terre du nouvel édifice – après différentes péripéties, les travaux proprement dits ont été réalisés dans un délai assez court : trois ans. « J’étais inquiète, particulièrement pendant toute la durée des travaux où de nombreux problèmes ont surgi qui devaient être réglés. C’est un peu comme d’emménager dans une nouvelle maison. En même temps, c’était très enthousiasmant. »

Une des missions centrales du musée est l’éducation du public. « Nous comptons mettre en valeur l’esprit pédagogique du musée en faisant la promotion de l’éducation artistique dans la région. Nous allons travailler avec les écoles du centre et du sud de Taiwan et avec le ministère de l’Education pour faire visiter le musée aux élèves de Yunlin, de Nantou et de Chiayi. Nous pensons pouvoir ainsi rééquilibrer les ressources culturelles de manière plus équitable entre le nord et le sud de Taiwan. »

Souhaitant placer le nouveau musée sous de bons auspices, Fung Ming-chu a inscrit sur la plus haute poutre du bâtiment les caractères chinois « Stabilité éternelle » et « Harmonie constante ». Il s’agit des noms donnés à un calice en or et à un bougeoir en jade figurant dans les collections du musée et datant du règne de l’empereur Qianlong [乾隆, 1711-1799]. Ces objets rituels étaient utilisés lors des cérémonies du Nouvel An lunaire par les empereurs de la dynastie Qing afin d’exprimer des vœux de paix et de prospérité pour l’année à venir. Honorant un musée vieux de 90 ans, les mots inscrits par Fung Ming-chu traduisent le même espoir de réussite pour la Branche Sud du NPM.

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