Lors d’une conférence sur les relations entre les deux rives organisée hier, certains universitaires se sont inquiétés de la qualité de la stratégie déployée par le gouvernement dans le cadre des récentes négociations avec Pékin.
Plusieurs chercheurs ont reproché à la nouvelle administration d’avoir perdu la main et cédé à la précipitation pour des raisons électorales. Pour Chang Wu-ueh, directeur de l’Institut de recherche sur la Chine à l’université de Tamkang, à Taipei, « les chinois ont su conserver l’initiative en mobilisant leurs meilleurs négociateurs alors que ceux de Taipei, à peine arrivés aux commandes de l’Etat, manquaient d’expérience ».
D’autres se sont aussi inquiétés du manque de coordination entre la Fondation pour les échanges entre les deux rives (SEF), l’organe chargé des négociations, et le ministère des Affaires continentales dont la responsabilité est de définir et d’appliquer la politique chinoise de Taipei.
Evoquant les relations entre le Parti communiste chinois et le Kuomintang, les universitaires ont regretté la multiplication du nombre de canaux de communication et souhaité voir un contrôle plus strict du Yuan législatif sur le contenu des négociations, ce qui permettrait de donner à Taipei un levier de pression supplémentaire face à Pékin.
Pour Lo Chih-cheng, directeur du département de sciences politiques de l’Université de Soochow, à Taipei, Pékin travaille à conserver l’initiative et malgré une atmosphère positive entre les deux rives, la Chine continentale poursuit des objectifs qui restent politiques par des moyens économiques. Selon ce dernier, il faut s’attendre à voir cette atmosphère remise en cause, au mois de septembre prochain, dès que Taipei abordera les questions de souveraineté à l’occasion notamment du renouvellement de la demande d’admission de l’île aux Nations unies.
La conférence était organisée par le Taiwan Thinktank, un institut de recherche proche de l’opposition démocrate- progressiste.