27/04/2024

Taiwan Today

Deux rives

« J’ai vu et j'ai entendu la voix de l’opposition », déclare Chen Yunlin à Taiwan

04/11/2008
Poignée de main historique entre Chen Yunlin (à dr.) et Chiang Pin-kung CNA
Arrivé lundi matin à l’aéroport international de Taoyuan par un vol de Air China, Chen Yunlin, le président de l’Association des relations à travers le détroit de Taiwan (ARATS), a été accueilli par son homologue, Chiang Pin-kung, le président de la Fondation pour les échanges entre les deux rives (SEF), pour cette visite historique dont l’objectif est de renouer un dialogue interrompu il y a 10 ans.

« Il me semble que je me tiens à la confluence entre l’Histoire et la réalité », a déclaré Chen Yunlin, visiblement ému. Evoquant cette dimension historique, Chen Yunlin a rappelé combien Wang Daohan et Koo Chen-fu, les deux anciens présidents de l’ARATS et de la SEF, tous deux décédés en 2005 et qui avaient ouvert les premières négociations entre les deux rives en 1993 à Singapour, se seraient réjouis de cette reprise du dialogue. « Seule la communication peut renforcer la confiance mutuelle et la coopération et créer une situation mutuellement bénéfique », a déclaré Chen Yunlin.

En 1999, Wang Daohan avait accepté l’invitation de son homologue insulaire Koo Chen-fu mais la déclaration de Lee Teng-hui, à l’époque président de la République, qualifiant les relations entre les deux rives de « relations spéciales d’Etat à Etat », avait provoqué la colère de Pékin, qui avait coupé court aux négociations débutées en 1992.

« C’est un moment historique ! Nous avons attendu 60 années avant de pouvoir nous rencontrer à Taipei au sujet des relations entre les deux rives », a déclaré Chiang Pin-kung, le président de la SEF, qui s’est dit persuadé que les Taiwanais ont accueilli positivement la venue de Chen Yunlin « parce que les accords qui vont être signés leur sont bénéfiques ».

Lors de la conférence de presse organisée dans la matinée au Grand Hôtel à Taipei, où Chen Yunlin et sa délégation de 60 personnes sont reçus, 4 députés municipaux du Parti démocrate-progressiste (DPP) ont scandé « Taiwan est Taiwan, Chen Yunlin, rentre chez toi ! » avant d’être promptement emmenés par les services de sécurité. Afin de prévenir tout trouble, 5 000 policiers ont par ailleurs été déployés sur les itinéraires empruntés dans les rues de la capitale par le cortège officiel. Le parcours de Chen Yunlin a néanmoins été marqué par la présence de plusieurs dizaines de manifestants déployant des banderoles en faveur de la souveraineté taiwanaise et de l’indépendance du Tibet. Pour des raisons de sécurité, aucune visite dans le centre ou le sud de l’île n’a été organisée pour le responsable chinois.

Dans l’après-midi, Chen Yunlin a effectué une visite de courtoisie à Cecilia Koo, la veuve de Koo Cheng-fu. « C’est la fin de l’hiver et le début du printemps », s’est réjouie la veuve de l’ancien président de la SEF en évoquant la reprise du dialogue pour lequel son défunt époux a tant fait. Chiang Pin-kung a ensuite reçu à dîner son homologue chinois au sommet de la Tour 101.

Les 4 accords, dont les détails techniques ont été finalisés hier, devraient être signés demain. Ils permettront la mise en place des liaisons maritimes et cargos directes, la suppression de l’obligation de passage par l’espace aérien d’un territoire tiers pour les vols directs, la mise en place de liaisons postales normalisées et le contrôle de la sécurité sanitaire des aliments provenant du continent chinois.

Revenant sur la dimension historique de cette visite à l’occasion d’une conférence organisée hier matin par le ministère de l’Information, plusieurs universitaires se sont félicités de cette rencontre, soulignant les effets positifs qu’elle aura sur la sécurité en Asie-Pacifique. Ils ont aussi insisté sur la nécessité pour le Kuomintang, le parti au pouvoir, et le DPP de mieux communiquer sur ces questions. Tous ont espéré de cette rencontre des retombées positives pour l’espace international de Taiwan et sa présence dans les organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé.

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