07/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

L’idée d’un accord économique avec la Chine fait polémique

23/02/2009
Lai Shin-yuan, la ministre des Affaires étrangères, a défendu l'idée d'un accord économique avec la Chine. CNA
L’opposition s’est insurgée ce week-end contre l’annonce par le gouvernement de son projet de négociations avec la Chine en vue d’un accord économique. Pour le chef de l’Etat, Ma Ying-jeou, ainsi que pour le Kuomintang, la signature d’un tel accord est essentielle pour la survie économique de l’île. Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste, et Huang Kun-huei, le président de l’Union Solidarité Taiwan, ont déclaré qu’ils déposeraient au Parlement, une procédure de rappel contre le chef de l'Etat, si des négociations avec Pékin débutaient dans ce dossier. « Si le gouvernement ne change pas de politique et de direction, surtout celle relative à la signature d’un accord économique avec la Chine et celle visant à autoriser les étudiants chinois à venir étudier dans les universités taiwanaises, nous rassemblerons toutes les ressources possibles de l’opinion publique pour nous y opposer, et le lancement d’une procédure de rappel sera inévitable », a déclaré hier Huang Kun-huei. L’ancien Premier ministre Su Tseng-chang est également monté au créneau, déclarant que « le gouvernement est conseillé par les mauvais médecins au chevet de l’économie ». En réaction à cette levée de boucliers de l’opposition, le porte-parole de la Présidence, Wang Yu-chi, a souligné que la signature d’un tel accord ne serait pas équivalente à une réunification avec le continent. « Cet accord économique devrait être signé tout en préservant les intérêts taiwanais. Il devrait l’être dans le respect de la politique des trois non du chef de l’Etat, soit pas d’unification, pas d’indépendance, pas de recours à la force », a déclaré le porte-parole. Pour Lai Shin-yuan, la ministre des Affaires continentales, « signer un tel accord avec Pékin, dont l’objectif est de libéraliser les flux de marchandises, de capitaux et de services entre les deux rives du détroit de Taiwan, est conforme à la Loi régissant les relations entre les populations de la zone de Taiwan et de la zone du continent ». Elle a également insisté sur le fait qu’il n’y avait pour le moment aucun agenda relatif au lancement des négociations sur ce dossier. « Rien de tel n’est prévu à l’ordre du jour de la quatrième rencontre entre les deux organismes habilités à négocier, l’ARATS pour Pékin et la SEF pour Taipei », a-t-elle ajouté. Yiin Chii-ming, le ministre de l’Economie, s’est également exprimé pour tenter de convaincre que la signature d’un tel accord n’était pas un pas supplémentaire vers la réunification. « Fondamentalement, les négociations pour un accord économique doivent se faire dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, dont Taiwan et la Chine sont membres », a-t-il souligné. Enfin, Chang Jung-kung, le secrétaire général du KMT, qui est aussi en charge des affaires chinoises au sein du parti, a prévenu de « l’urgence de ce dossier ». « L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est et la Chine sont en train de mettre en place une zone de libre-échange (ASEAN+1). Si l’île ne signe pas d’accord similaire avec la Chine et est exclue de cette zone de libre-échange, cela sera catastrophique pour notre commerce extérieur. Le prix à payer serait inimaginable », a-t-il déclaré. La communauté d’affaires et les entreprises ont de leur côté souligné l’importance d’un tel accord et ont proposé d’intercéder afin d’aplanir les obstacles politiques.

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