06/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

Tiananmen : Ma Ying-jeou appelle à regarder l’Histoire en face

04/06/2009
CNA A l’appel de l’association Same Bloodline, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées hier soir à Taipei en mémoire des victimes du massacre de la place Tiananmen.
« Il faut regarder en face ce chapitre douloureux de l’Histoire. Prétendre qu’il ne s’est jamais produit n’est pas une option », déclare le président de la République, Ma Ying-jeou, dans un communiqué publié aujourd’hui sur le site de la présidence, et consacré à « l’incident de Tiananmen ». Avant sa prise de fonctions en mai 2008, le chef de l’Etat avait participé chaque année aux manifestations organisées à Taiwan en mémoire des victimes. Alors qu’il rentre aujourd’hui de son voyage officiel en Amérique centrale, il a, comme l’an dernier, choisi la voie écrite pour faire part de ses réflexions à l’occasion du 20e anniversaire de Tiananmen. « Les livres d’histoire regorgent de récits de conflits sanglants entre des gouvernements et leur peuple. […] Dans ce type de conflit, c’est le gouvernement qui exerce l’autorité publique et qui, de ce fait, a la responsabilité d’examiner ses actes de façon critique », déclare Ma Ying-jeou, en rappelant que Taiwan a accompli un tel travail de mémoire au sujet des événements du 28 février 1947 et de la Terreur blanche, et que l’île est aujourd’hui une démocratie. « Ces dix dernières années, les autorités du continent ont accordé plus d’attention que précédemment aux droits humains », juge Ma Ying-jeou, en citant notamment le Plan national d’action pour les droits de l’homme adopté par Pékin en avril dernier. Dans le contexte de la normalisation des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan, il assure vouloir se servir des valeurs d’état de droit et de droits de l’homme comme des balises. Avant cette déclaration, les principaux partis politiques taiwanais avaient tenu à marquer cet anniversaire. « Le massacre de la place Tiananmen est un événement malheureux, a dit Lee Chien-jung, le porte-parole du Kuomintang. Après le développement économique et social qu’elle a connu ces 20 dernières années, la Chine ne devrait pas laisser l’histoire se répéter. » Pour le Parti démocrate-progressiste (DPP), le gouvernement chinois devrait présenter ses excuses et offrir une compensation aux victimes du massacre. Quant au président Ma Ying-jeou, suggère l’opposition, il devrait demander à la Chine la libération de Liu Xiaobo et d’autres militants des droits de l’homme, et aborder cette question dans le cadre des discussions entre les deux rives. Tsai Ing-wen, la présidente du DPP, devait participer hier soir à la veillée du souvenir organisée par l’association Same Bloodline de soutien à la démocratie sur le continent chinois, dont le porte-parole, Yao Li-ming, a ainsi rappelé les objectifs : « Nous voulons que la Chine relâche les manifestants de Tiananmen toujours emprisonnés, revienne sur son jugement des protestations de 1989, et mette en œuvre une réforme politique. »

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