Taiwan Today

C’est à la demande insistante des professionnels du tourisme qu’a apparemment été prise la décision de retirer du programme officiel du festival du film de la grande ville portuaire du sud le documentaire The 10 Conditions of Love. Le documentaire, un portrait de Rebiya Kadeer, cette femme d’affaires ouïgoure exilée aux Etats-Unis, décriée par Pékin parce qu’elle fait figure d’icône de la dissidence ouïgoure, sera projeté séparément, demain et mercredi. Pour les voyagistes et hôteliers, les nombreuses annulations de tours organisés chinois dans la région constatées depuis le mois d’août s’apparenteraient à un boycott dont les causes seraient la venue du dalaï-lama à la suite du typhon Morakot et maintenant l’apparition de ce documentaire dans le programme de la manifestation culturelle. Bien que persuadée que les annulations ont d’autres explications, en particulier l’épidémie de nouvelle grippe et les dégâts occasionnés par le typhon meurtrier du mois dernier, la municipalité de Kaohsiung a cherché un compromis et opté pour la projection du documentaire en dehors du festival. La solution n’est toutefois pas du goût des organisateurs. Ainsi, le réalisateur Chen Wen-tang, directeur du festival, a lancé une pétition en ligne pour tenter de convaincre la mairie de revenir sur une décision qui, dit-il, « ne concerne pas que l’image et la perspective du Festival du film de Kaohsiung et de la ville, mais aussi celle de Taiwan en tant que pays démocratique ». Dans une lettre ouverte à Chen Chu, le maire de Kaohsiung, le critique de film Ryan Cheng rappelle pour sa part que la ville a été le théâtre d’un chapitre majeur de la démocratisation à Taiwan – les manifestations de 1979. Il note également qu’en juillet dernier, les organisateurs du Festival international de Melbourne où le documentaire était programmé n’ont, eux, pas cédé aux menaces de boycott chinoises.