02/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

Taipei annonce qu’aucun visa d’entrée ne sera délivré à Rebiya Kadeer

28/09/2009
Wu Den-yi, le Premier ministre, a annoncé vendredi dernier que le gouvernement avait décidé de ne pas délivrer de visa à la militante d’origine ouïgoure Rebiya Kadeer, qui venait d’accepter l’invitation à se rendre dans l’île du groupe de hard-rock Chthonic. Justifiant la décision prise par le ministère de l’Intérieur sur la base du fait que Rebiya Kadeer est « étroitement associée à une organisation terroriste du Turkestan oriental », Wu Den-yi a estimé qu’il était dans « l’intérêt des Taiwanais et de l’Etat de ne pas accueillir cette personnalité ». Réagissant vendredi dernier à la décision taiwanaise, Rebiya Kadeer a accusé le gouvernement de se soumettre aux pressions de Pékin et demandé des excuses du chef de l’Etat, Ma Ying-jeou, pour avoir assimilé le Congrès mondial des Ouïgours à des « terroristes ». Exprimant sa déception et sa tristesse, Rebiya Kadeer a déclaré qu’elle déposerait tout de même sa demande de visa. « Nous ne sommes pas des terroristes, c’est le peuple ouïgour qui est victime du terrorisme, le terrorisme chinois. Le monde sait que je ne suis pas une terroriste. Taiwan est un Etat démocratique et c’est extrêmement décevant que Taiwan ait accepté l’autorité chinoise, c’est triste pour les Taiwanais et c’est triste pour le monde, a-t-elle déclaré. J’ai peur que l’ombre du communisme ne s’abatte sur Taiwan et son peuple ». Wu Den-yi a répliqué en retour que l’indépendance du Xinjiang n’était pas permise par la Constitution de la République de Chine et que le gouvernement ne commettait aucune faute en refusant d’accueillir une personne qui pourrait porter atteinte aux intérêts de l’Etat et à la sécurité nationale et qu’il n’y avait par conséquent aucune raison de présenter des excuses. Chen Chu, le maire de Kaohsiung, qui avait décidé la semaine dernière, à la demande des représentants de l’industrie hôtelière locale qui craignaient des représailles commerciales du gouvernement chinois, de déprogrammer du festival du film de sa ville le documentaire sur le combat de Rebiya Kadeer, Les 10 conditions de l’amour, a également regretté la décision du gouvernement : « Pour un Etat démocratique, le gouvernement devrait faire preuve d’une attitude plus tolérante et plus ouverte dans ce type de dossier », a-t-elle déclaré. Le documentaire a toutefois été reprogrammé au festival qui se tiendra du 16 au 29 octobre dans la cité portuaire. Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste, a estimé que la décision du gouvernement avait été prise sous la pression de Pékin, et qu’il était nécessaire de faire preuve d’honnêteté en la matière. « C’est manquer de respect aux Ouïgours et aux Taiwanais que de qualifier Rebiya Kadeer de terroriste », a-t-elle déclaré. Enfin, Kao Kong-lian, le vice-président de la Fondation pour les échanges dans le Détroit (SEF), l’organe en charge avec les négociations avec la Chine, a appelé certaines organisations politiques à faire preuve de plus de clairvoyance vis-à-vis des relations entre les deux rives et à cesser de manipuler des dossiers politiquement sensibles.

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