06/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

Décennie ou décennies ? Le « s » de la polémique

16/12/2009
Alors que la presse insulaire en langue chinoise titrait hier avec l’interview donné par Ma Ying-jeou, le président de la République, au Wall Street Journal Asia (WSJA) le 25 novembre dernier et dans lequel le chef de l’Etat aurait affirmé que la réunification dépendrait de « l’évolution des 10 prochaines années », la présidence de la République a immédiatement réagi, indiquant que le chef de l’Etat avait parlé de décennies, au pluriel. Paul Chang, en charge des affaires publiques à la présidence de la République, a déclaré que le quotidien américain avait mal compris le chef de l’Etat. A l’appui de sa déclaration, il a produit l’enregistrement de l’interview dans lequel on entend clairement Ma Ying-jeou dire : « que la réunification ait lieu, comme l’espère la partie continentale, dépend énormément de ce qui arrivera dans les prochaines décennies ». Le WSJA avait titré « le pari taiwanais de la détente » et expliquait que Ma Ying-jeou estimait que l’influence de la démocratie taiwanaise sur la Chine représentait une opportunité historique. Le WJSA citait également les opposants au chef de l’Etat, qui, selon le quotidien, estiment que celui-ci est « trop naïf dans son approche de la Chine ». L’erreur du WSJA a provoqué hier une levée de boucliers au Parti démocrate-progressiste, dont plusieurs membres ont accusé le chef de l’Etat de vouloir faire la promotion de la réunification dans l’île. Lee Chun-yee, un député du DPP, a affirmé que le président de la République n’avait en aucune manière le droit de définir un agenda pour la réunification. « Si Ma Ying-jeou fait la promotion de la réunification avec la Chine contre la volonté du peuple, le peuple sera forcé de verser son sang pour résister à la tyrannie », a-t-il prévenu. Chuang Shuo-han, le porte-parole du parti, a rappelé que 85% des Taiwanais sont en faveur du maintien du statu quo dans le détroit de Taiwan. Dans cette interview menée par la journaliste Leslie Hook, le chef de l’Etat déclarait à propos de Pékin : « Parfois, ils ne comprennent pas ma politique, ni pourquoi nous ne voulons pas de l’unification. […] Il est assez évident que les conditions pour l’unification ne sont pas réunies, nous ne nous connaissons même pas bien. […] Je veux créer une situation dans laquelle les deux rives pourront juger au mieux du meilleur système pour la culture chinoise, pour le peuple chinois ». Evoquant sa politique continentale, le président de la République a déclaré au WJSA : « Tous nos efforts d’engagement sont, par essence, basés sur le pari que Pékin se comportera en partenaire de négociation digne de confiance, ce qui suppose le retrait des missiles ou le respect des quotas négociés dans l’envoi de touristes chinois à Taiwan ». A propos de la visite en Chine, en novembre dernier, du président américain Barack Obama, Ma Ying-jeou a déclaré que celui-ci avait dit à son homologue chinois, Hu Jintao, que les ventes d’armes à Taiwan se poursuivraient.

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