Taiwan Today

A l’issue de la 4^erencontre entre la Fondation des échanges entre les deux rives (SEF), pour la partie taiwanaise, et l’Association pour les relations à travers le détroit de Taiwan (ARATS), pour la partie chinoise, qui avait lieu cette semaine à Taichung, Chiang Pin-kung, le président de la SEF, a annoncé hier la signature de 3 accords et l’inscription à l’agenda de la prochaine rencontre du dossier de l’Accord-cadre de coopération économique que Taipei cherche à signer avec Pékin. Les 3 accords ont porté, comme prévu, sur l’industrie de la pêche, le contrôle de qualité des produits agricoles et les normes industrielles, ce qui porte à 12 le nombre d’accords signés entre les deux rives depuis l’arrivée au pouvoir de Ma Ying-jeou, le président de la République. Seul l’accord sur la double-imposition n’a pas pu faire l’objet d’un consensus et sa signature a été renvoyée à plus tard. Chiang Pin-kung s’est entretenu une seconde fois, hier dans l’après-midi, avec son homologue chinois, Chen Yunlin. A l’issue de la rencontre, les deux hommes ont manifesté leur accord sur le fait de considérer que l’ECFA représentait un dossier important, avec la question des droits de propriété intellectuelle. Les deux dossiers sont désormais à l’agenda de la prochaine rencontre. A l’issue de la rencontre entre les deux hommes, lors d’une conférence de presse conjointe donnée dans l’après-midi, Chen Yunlin a évoqué l’ECFA et qualifié l’accord de « purement économique » tout en soulignant l’existence de nombreuses études mentionnant ses effets positifs. Le négociateur chinois a également estimé que l’ensemble des accords signés entre les deux rives bénéficieraient aux Taiwanais. « Personne ne peut interrompre le développement pacifique actuellement en cours entre les deux rives », a souligné Chen Yunlin. Revenant sur les 19 derniers mois de négociation, Chen Yunlin s’est félicité des progrès accomplis, reconnaissant toutefois l’existence d’une marge de progression en matière de communication. Selon lui, il est de la responsabilité des deux rives d’améliorer cette interaction. Chiang Pin-kung, de son côté, a noté combien l’ECFA était « fondamental » pour le développement économique de Taiwan et que sa signature était en accord avec « la volonté des Taiwanais ». Il a souhaité rappeler que la signature de ces accords s’inscrivait dans la volonté de protéger les droits des Taiwanais et de les faire bénéficier des avantages négociés. Il a également souligné la marge de progression existante, du côté chinois, pour la mise en application de l’accord sur la venue des touristes chinois dans l’île, dont les chiffres restent en deçà des objectifs négociés, ainsi que de celui sur les liaisons aériennes directes, dont la fréquence des vols peut être augmentée. Chiang Pin-lung a enfin appelé la Chine à renforcer la coopération judiciaire entre les deux rives et accélérer le versement des compensations aux producteurs laitiers insulaires ayant particulièrement souffert de la contamination du lait chinois à la mélamine. Concernant l’échec de la signature de l’accord sur la double imposition, Wu Den-yih, le premier ministre, a réagi, mettant en avant l’existence d’un consensus entre les deux rives dans ce dossier et notant que le désaccord portait sur le mode de prélèvement, Taipei étant opposé au prélèvement selon l'origine des revenus voulu par Pékin, à l’image de celui pratiqué à Hongkong à la suite de l’entrée en vigueur d’un accord similaire. « Nous n’avons pas le même statut que celui de Hongkong », a commenté le Premier ministre. Le Parti démocrate-progressiste (DPP) n’en a pas moins tenu responsable le gouvernement pour l’échec de cette signature. Selon Liu Chieh-hsin, un responsable du parti, « la non-signature annoncée à la dernière minute montre l’incapacité du gouvernement à mener ces négociations ». Pour Chien Yao-tang, chercheur au Taiwan Thinktank, un institut de recherche proche du DPP, l’accord sur la double imposition aurait entraîné une perte de l’ordre de 940 millions de dollars en matière de rentrées fiscales pour l’Etat taiwanais. Enfin, Lai Shin-yuan, la ministre des Affaires continentales, a déclaré hier qu’elle avait fait part à Chen Yunlin, lors d’une entrevue avec ce dernier hier, de l’inconfort dans lequel le millier de missiles pointés sur l’île plaçait Taipei. La ministre a également expliqué que les dossiers politiques n’étaient pas une priorité dans le cadre des négociations entre les deux rives, estimant que la mise en place d’un système de négociation institutionnalisé était la meilleure manière d’avancer, avec le soutien de l’opinion publique, un élément clé dans le cadre de négociations de ce type. Elle a enfin décrit la stratégie du gouvernement comme consistant à d’abord aborder les dossiers techniques, économiques et peu sensibles, avant les dossiers politiques. La prochaine rencontre SEF-ARATS aura lieu sur le continent chinois dans le courant de l’année 2010.