03/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

Après le feu vert américain aux ventes d’armes à Taiwan, Pékin prévoit l’interruption des échanges militaires avec Washington

01/02/2010
Le président américain Barack Obama a donné samedi son autorisation à une vente de matériel militaire à Taipei d’un montant de 6 milliards de dollars américains. La décision a provoqué le courroux de Pékin qui a annoncé en représailles l’interruption des échanges militaires avec Washington. Cette vente porte sur deux frégates de déminage de type Osprey, 60 hélicoptères de combat de type UH-60M Black Hawk, 114 batteries de missiles Patriot PAC-III, 12 systèmes de téléguidage de missiles de types Harpoon Block ATM 84L et RTM 84L ainsi que plusieurs équipements en systèmes de communication. Selon Wu Den-yih, le Premier ministre, la vente d’avions de chasse de type F16C/D et de sous-marins est encore en discussion à Washington et risque de ne pas être simple pour Taipei du fait de son prix très élevé. L’annonce par la Maison Blanche de cette vente d’armes a suscité un grand nombre de réactions à Pékin comme aux Etats-Unis. Le Washington Post écrivait samedi que les Etats-Unis apportaient la preuve qu’ils soutenaient toujours Taiwan, même si cette vente n’incluait pas les F16 depuis longtemps réclamés par Taipei. Pour le New York Times, la vente des F16 est à l’étude et Washington ne l’exclut pas. Walter Lohman, le directeur du Centre des études asiatiques à l’Institut de recherche américain Heritage Foundation, s’est déclaré très satisfait de cette décision. « Le président [Barack Obama] devrait maintenant très rapidement répondre aux besoins qui ont été expertisés, en commençant par la vente des 66 avions de chasse de type F16C/D que Taipei réclame », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse, notant également que ces avions de chasse sont importants pour la défense taiwanaise. Enfin, Ileana Ros-Lehtinen, membre du Congrès et républicaine, a déclaré son « souhait de voir les Etats-Unis remplir leurs responsabilités légales dans le maintien des capacités d’auto-défense de Taiwan ». Le ton était sensiblement différent à Pékin où l’irritation était palpable. Yang Jiechi, le ministre des Affaires étrangères chinois, a souhaité de Washington qu’il « respecte réellement les intérêts fondamentaux de la Chine ainsi que ses principales préoccupations, et revienne immédiatement sur une mauvaise décision dans l’objectif d’éviter de nuire à la relation bilatérale que la Chine et les Etats-Unis entretiennent ». Le ministre chinois a en outre qualifié la décision américaine de « nuisible à la sécurité nationale de la Chine et à la tâche sacrée de la réunification ». Pékin a en outre annoncé envisager l’interruption partielle ou totale des échanges militaires avec les Etats-Unis. La visite de Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, prévue de longue date, pourrait ainsi être annulée. « A un moment où le monde tente de se relever de la crise financière et doit faire face au changement climatique, aux problématiques de sécurité alimentaire et de prolifération nucléaire, il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis de voir les relations sino-américaines régresser », a déclaré hier l’agence de presse Chine nouvelle, ce à quoi Phillip Crowley, le porte-parole américain du secrétariat à la Défense, a répliqué en affirmant la certitude de Washington que « notre politique contribue à la stabilité et à la sécurité dans la région ». A Taipei, le vice-ministre de la Défense, Andrew Yang, a décrit la vente d’armes comme utile à la prévention d’un conflit dans le Détroit. « Il s’agit de donner à Taiwan les moyens de sa défense et de prévenir une attaque de Pékin, qui y réfléchira à deux fois. C’est pour cette raison que les Chinois sont opposés à ces ventes d’armes américaines », a-t-il souligné. Certains députés se sont toutefois plaints du fait que certains équipements longtemps réclamés par Taipei n’ont pas été inclus dans cette vente tandis que d’autres ont un prix trop élevé.

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