08/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

Ma Ying-jeou appelle Pékin à laisser Taiwan négocier d’autres accords de libre-échange

03/06/2010
Après la remarque du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui affirmait avant-hier que « Pékin est fermement opposé à ce que Taiwan signe des accords de nature officielle avec d’autres Etats », Ma Ying-jeou, le président de la République, a immédiatement réagi, hier, rappelant à Pékin que la capacité de Taiwan à signer de tels accords est un droit, d’autant que l’île est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « C’est notre droit en tant que membre de l’OMC de signer des accords de libre-échange avec d’autres pays et nous ne devrions admettre aucune interférence dans l’exercice de ce droit. La République de Chine est un Etat souverain et a déjà signé un grand nombre d’accords avec beaucoup d’Etats. Ces accords sont tous officiels puisqu’ils ont été signés par le gouvernement », a déclaré Ma Ying-jeou alors qu’il s’exprimait en sa capacité de président du Kuomintang devant le comité permanent du parti. Wu Den-yih, le Premier ministre, a fait une déclaration allant dans le même sens, rejetant clairement et fermement toute influence extérieure dans l’exercice du droit souverain de Taiwan de signer n’importe quel accord avec d’autres Etats. Le Parti démocrate-progressiste (DPP) ne s’est pas privé de réagir, qualifiant la déclaration chinoise de « gifle pour Ma Ying-jeou » et estimant qu’elle signe l’échec de la politique du chef de l’Etat. « Taiwan ne devrait pas considérer la Chine comme l’unique fenêtre sur le monde », a déclaré Lin Yu-chang, le porte-parole du DPP. Plusieurs universitaires ont également réagi, dont Hsu Yung-ming, de l’Université de Soochow, à Taipei, qui a estimé que le DPP pourrait bénéficier d’un regain de popularité après cette déclaration chinoise. Pour Alan Romberg, du Centre de recherche Henry Stimson et ancien porte-parole du Département d’Etat américain, la déclaration chinoise ne dit pas si Pékin s’opposera à des accords qui seraient « substantiellement équivalents à des accords de libre-échange sans prendre la forme d’accords de gouvernement à gouvernement ». Alan Romberg est toutefois partisan de faire preuve de prudence dans l’interprétation de cette déclaration, d’autant que l’Accord-cadre de coopération économique (ECFA) n’est pas encore signé. « Il est difficile de croire que Pékin ne comprendra pas l’importance de cette question pour Taipei et ne fera pas preuve de coopération aussi longtemps que les accords de libre-échange que Taipei peut signer avec d’autres prennent font preuve de finesse sur l'idée "d’une Chine, un Taiwan" ou de "deux Chines" », a-t-il expliqué. Pour Bonnie Glaser, chercheuse au Centre d’études internationales et stratégiques, à Washington, « tant que Taiwan ne cherche pas à utiliser la signature de ce genre d’accord pour des raisons politiques, comme cela a été fait par le passé sous la présidence de Chen Shui-bian, signer des accords de libre-échange avec d’autres Etats est un objectif tout à faire réalisable sous la présidence de Ma Ying-jeou ». Bonnie Glaser estime que Pékin n’est pas foncièrement opposé à ce que Taiwan signe des accords de ce type avec d’autres Etats mais reste néanmoins suspicieux et aura certainement des conditions à imposer à Taipei.

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