04/05/2024

Taiwan Today

Deux rives

En Chine, Frank Hsieh appelle Pékin à donner plus d’espace international à Taiwan

08/10/2012
Durant la visite en Chine que Frank Hsieh [謝長廷] vient de terminer, l’ancien Premier ministre et ancien président du Parti démocrate-progressiste (DPP), a pu s’entretenir avec plusieurs hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC). Il a dit avoir plaidé auprès d’eux pour que Pékin laisse à Taiwan un espace international plus large. Alors que le DPP, dans l’opposition, n’a souhaité voir dans la visite de Frank Hsieh en Chine qu’une « démarche privée et sans visée politique », selon les termes du président du parti Su Tseng-chang [蘇貞昌], Frank Hsieh a toutefois pu rencontrer Dai Bingguo [戴秉國], membre du Conseil des affaires de l’État de la république populaire de Chine, secrétaire général du groupe de travail du comité central du PCC sur les Affaires taiwanaises et proche conseiller de Hu Jintao [胡錦濤] en matière de politique étrangère. Au cours de leur entretien d’une heure, vendredi dernier, ont été évoquées les questions touchant à la démocratie et à l’opinion publique. « Du fait de nos différences de développement, nous n’avons fait qu’échanger nos opinions. J’ai suggéré que Pékin offre à Taiwan un espace plus important pour que Taiwan puisse participer aux activités internationales et non gouvernementales », a déclaré Frank Hsieh. Selon Lee Ying-yuan [李應元], l’un des deux députés qui accompagnaient Frank Hsieh en Chine et qui a révélé à la presse la rencontre avec Dai Bingguo, l’atmosphère de l’entretien était « cordiale et franche » et le responsable chinois, qui a réitéré l'opposition de Pékin à l'indépendance de Taiwan, a toutefois indiqué « comprendre les facteurs historiques derrière le développement du mouvement pour l’indépendance de Taiwan ». Le soir même, Frank Hsieh dînait avec Chen Yunlin [陳雲林], le président de l’Association pour les relations à travers le détroit de Taiwan (ARATS), avec lequel il a évoqué les difficultés des entrepreneurs taiwanais basés en Chine. Le lendemain, c’est avec Wang Yi [王毅], le directeur du bureau des Affaires taiwanaises, l’organisme de rang ministériel chargé de mettre en application la politique de réunification de Pékin, que Frank Hsieh s’entretenait au cours d’un dîner. La teneur de leur entretien a porté sur l’existence du consensus de 1992, l’accord oral obtenu cette année-là entre les deux rives et selon lequel il n’existe qu’une seule Chine, chaque rive en conservant une interprétation propre. Plutôt que d’utiliser ce consensus de 1992, Frank Hsieh a suggéré que les deux rives s’appuient sur le texte de leur constitution respective pour définir, chacune à leur manière, la teneur des relations entre les deux rives. Selon l’ancien Premier ministre, lui et son interlocuteur ont également échangé sur les questions de démocratie et de religion et sont tombés d’accord pour estimer que la puissance de la bonne volonté permettrait d’éroder les différences. Les réactions au voyage en Chine de Frank Hsieh ont été diverses au sein du DPP. Parmi celles-ci, Lai I-chung [賴怡忠], ancien directeur du département des Affaires chinoises du DPP, a considéré qu’il était inapproprié pour Frank Hsieh d’initier un dialogue avec le PCC sur une nouvelle interprétation du statu quo dans le Détroit car il n’avait pas le mandat du DPP pour le faire. Selon Lai I-chung, Frank Hsieh doit attendre qu’un consensus sur cette question se dégage au sein du parti. Enfin, la presse chinoise s’interrogeait hier sur le fait de savoir si Frank Hsieh avait rencontré Jia Qinglin [賈慶林], président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Frank Hsieh, qui était en Chine à l'invitation de l'Association internationale des barmen, doit rentrer aujourd’hui à Taiwan.

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