La meilleure stratégie pour les deux rives du détroit de Taiwan est de réduire le risque de conflit militaire en parvenant à une réconciliation politique et en améliorant les relations, a déclaré le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九], dans un entretien accordé la semaine dernière à la BBC et
publié hier. Le chef de l’Etat a par ailleurs regretté de n’avoir pas pu rencontrer le président Xi Jinping [習近平] et a mis en garde contre une détérioration de la situation des droits de l’homme en Chine continentale.
« Au cours des sept dernières années, j’ai cherché à accroître les opportunités et à réduire les risques posés par la Chine continentale, a expliqué Ma Ying-jeou. En matière économique et commerciale, la relation entre les deux rives est mutuellement bénéfique. Taiwan dépend évidemment pour une part importante de la Chine continentale mais, depuis que j’ai pris mes fonctions, cette dépendance s’est réduite grâce à l’action du gouvernement en faveur de la conquête de nouveaux marchés. »
Interrogé sur l’évolution de la Chine continentale depuis l’accession au pouvoir de Xi Jinping, le chef de l’Etat a expliqué avoir rappelé à maintes reprises aux autorités de la Chine continentale l’importance, pour réduire la distance psychologique entre les populations de Taiwan et du continent, d’accomplir des progrès en matière de liberté, de démocratie, de droits humains et d’état de droit. Récemment, a-t-il ajouté, on assiste à une vague d’arrestation d’avocats et de défenseurs des droits de l’homme et tout le monde est préoccupé par la situation des droits de l’homme en Chine continentale. « La situation n’est pas très stable », a-t-il remarqué.
Ma Ying-jeou s’est en outre déclaré déçu de n’avoir pas pu, malgré l’amélioration des relations entre les deux rives du Détroit, rencontrer Xi Jinping. « Pendant deux ans, nous avons eu l’espoir qu’une telle rencontre puisse avoir lieu à l’occasion du sommet de la Coopération économique en Asie-Pacifique (APEC) en novembre dernier. Cela n’a toutefois pas été couronné de succès, ce qui bien sûr est très dommage. » Le chef de l’Etat a estimé qu’il s’agissait là sans doute d’une décision personnelle de Xi Jinping.
Concernant la menace militaire posée par la Chine continentale, Ma Ying-jeou a rappelé que l’équilibre des forces était depuis 2005 en faveur de la Chine continentale et que la stratégie de Taiwan ne visait pas à faire la course aux armements mais à réduire le risque de conflit militaire. « Nous voulons créer un scénario dans lequel aucune des parties ne cherchera à changer le statu quo de manière unilatérale ou non pacifique par peur du prix qu’elle aurait à payer », a-t-il résumé.