02/05/2024

Taiwan Today

Economie

Bœuf à la ractopamine : Ma Ying-jeou défend son Premier ministre face aux protestations

08/03/2012
Le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九] a défendu hier la décision de principe prise lundi par le gouvernement d’autoriser, sous conditions, les importations de viande bovine contenant des traces de ractopamine, un médicament vétérinaire utilisé notamment aux Etats-Unis pour favoriser la croissance des animaux. Il s’est efforcé de convaincre du bien-fondé de cette position fortement critiquée par les représentants des éleveurs et des consommateurs, ainsi que par l’opposition parlementaire. L’interdiction d’importer et de commercialiser de la viande bovine contenant des résidus de ractopamine ne peut être levée que dans la mesure où la santé publique et la sécurité sanitaire des aliments sont garanties, a réitéré Ma Ying-jeou lors d’une réunion du Comité central du Kuomintang, parti dont il est le président. Or, a-t-il avancé, les trois réunions d’experts convoquées par le gouvernement ont établi avec certitude qu’il n’existe pas de preuve scientifique de la nocivité pour l’homme de cette substance retrouvée dans la viande. Il est par contre essentiel d’assurer une parfaite traçabilité de la viande et un étiquetage sur l’origine des produits, a poursuivi Ma Ying-jeou en appelant le Parlement à légiférer sur la question. Pour les représentants des éleveurs et des consommateurs, en revanche, la décision du Premier ministre Sean Chen [陳冲] « a été prise de manière trop hâtive et sans concertation ni évaluation suffisantes », selon les mots de Chen Man-li [陳曼麗], la présidente de la Fondation unie des ménagères. « S’il n’existe pas d’étude démontrant la nocivité de la ractopamine, le contraire est vrai aussi », a-t-elle insisté, en rappelant que la troisième réunion interministérielle consacrée à la question avait constaté le manque d’études épidémiologiques de grande ampleur. Avec 70 autres responsables associatifs, Chen Man-li a manifesté hier devant le Yuan exécutif et appelé à la démission du Premier ministre. Des manifestations d’éleveurs sont annoncées pour aujourd’hui à Taipei. Au Yuan législatif, les députés du Parti démocrate-progressiste (DPP), dans l’opposition, ont profité de la réunion de la commission de la Santé, de l’Environnement et des Affaires sociales pour interpeller à ce sujet le ministre de la Santé, Chiu Wen-ta [邱文達]. Celui-ci a rappelé que 26 pays autorisaient déjà l’importation de viande bovine américaine contenant des traces de ractopamine et a indiqué que le seuil de 10 parties par milliard (10 ppb) adopté par des pays comme le Japon ou la Corée du Sud servira de référence pour la fixation d’une limite maximale de résidus (LMR) pour cette substance à Taiwan. Les députés de l’opposition ont par ailleurs révélé les résultats d’un sondage commandé par le DPP et qui indique que près de 81% des Taiwanais sont opposés à la levée de l’interdiction. Ils ont également remis en cause l’efficacité des contrôles sanitaires menés par l’administration, les propres chiffres du ministère de la Santé indiquant qu’une proportion non négligeable de la viande bovine américaine importée contient des traces de ractopamine, alors même que cette substance reste pour l’heure interdite à Taiwan. Ils ont enfin accusé le gouvernement d’avoir cédé à Washington dans ce dossier, en échange de l’annonce, au mois de janvier, d’une probable exemption de demande de visa pour les Taiwanais effectuant de courts séjours aux Etats-Unis. Le ministère des Affaires étrangères s’est empressé de démentir ces allégations.

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