La Chambre de commerce européenne à Taiwan (ECCT) a publié hier son
Livre blanc 2015, un document dont elle a réservé la primeur au ministre du Développement national, Kuan Chung-ming [管中閔]. Elle y appelle Taiwan à s’appuyer sur ses forces, à avoir davantage confiance en soi et à faire preuve de plus d’ambition.
On retrouve dans ce livre blanc la traditionnelle liste des problèmes rencontrés par les entreprises européennes à Taiwan – 116 difficultés sont répertoriées cette année, dont 64 qui l’étaient déjà les années passées. Mais l’ECCT a tenu à prendre du recul pour examiner la trajectoire de développement économique et social suivie par Taiwan au cours des dernières décennies et identifier un certain nombre de domaines dans lesquels l’île pourrait, selon elle, s’ériger en leader mondial « si les bonnes décisions étaient prises ».
Pour bâtir un avenir prospère, l’ECCT suggère ainsi au gouvernement de faire jouer à Taiwan un rôle pionnier en matière de « villes intelligentes », de transformer l’île en plateforme d’innovation dans le domaine de la santé, à renforcer la compétitivité de son secteur financier – un domaine où, dit-elle, beaucoup reste à faire pour concurrencer Hongkong ou Singapour – et de faire preuve de beaucoup plus d’ambition en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de promotion des énergies renouvelables.
En 60 ans, relève l’ECCT, le produit intérieur brut taiwanais a été multiplié par 280 pour s’établir à 484 milliards de dollars américains. Des infrastructures modernes de transports et de télécommunications ont été construites, alors qu’une société démocratique et pluraliste a vu le jour, dotée d’un gouvernement stable et d’un cadre législatif relativement cohérent, poursuit la chambre. Taiwan dispose aussi d’une main-d’œuvre très qualifiée et stable, d’une bonne qualité de vie et d’une couverture sanitaire universelle. De plus, souligne l’ECCT, l’île dispose d’une force entrepreneuriale exceptionnelle grâce à une multitude de petites et moyennes entreprises et à un nombre significatif de grands groupes. Ceux-ci bénéficient d’un coût de la main-d’œuvre resté sous contrôle et qui se révèle aujourd’hui compétitif tant sur le plan régional que mondial. Taiwan semble toutefois manquer d’une vision d’ensemble, d’une ambition affirmée et de confiance en soi, regrette l’ECCT.
En réponse, Kuan Chung-ming a réitéré l’engagement du gouvernement à accentuer la libéralisation de l’économie. Il a mis en avant le dispositif des zones franches pilotes, censé permettre l’internationalisation accélérée des secteurs de la logistique intelligente, de l’agriculture à haute valeur ajoutée, des centres de soins internationaux, de l’éducation innovante et la de finance. Il a enfin appelé l’Union européenne à adopter avec Taiwan des mesures d’amélioration du commerce.