29/04/2024

Taiwan Today

International

La Chine, une menace croissante ?

20/07/2010
A l’occasion d’une conférence sur l’émergence de la puissance chinoise qui s’est tenue hier à Taipei à l’initiative de Taiwan Brain Trust et de l’Institut Project 2049, plusieurs intervenants, dont la présidente du Parti démocrate-progressiste (DPP) Tsai Ing-wen, mais également Randall Schriver, directeur de l’Institut Projet 2049, ont noté la persistance de la menace militaire chinoise sur Taiwan et de la volonté chinoise de faire aboutir la réunification. Tsai Ing-wen a d’abord critiqué le pouvoir chinois pour son absence de responsabilité dans la conduite de sa politique étrangère : « A Copenhague, la Chine a seulement montré qu’elle n’avait pas la volonté de se comporter en partenaire responsable », a-t-elle déclaré, soulignant que les pratiques internationales chinoises suscitaient une gêne croissante, notamment dans la région avec la revendication de souveraineté que Pékin ne cesse de marteler dans la zone de la mer de Chine méridionale. « Nous avons besoin d’une capacité de dissuasion forte pour nous présenter à la table des négociations en pleine confiance. Nous avons confiance dans l’adhésion des Etats-Unis à l’esprit du Taiwan Relations Act, et pas seulement dans une perspective de fourniture d’armes défensives, mais aussi dans celle du maintien d’une présence régionale capable de prévenir la Chine de se lancer dans une aventure militaire », a déclaré Tsai Ing-wen. Dans le sillage de la position de la chef de l’opposition, Randall Schriver a douté de la capacité américaine à répondre totalement au développement de l’outil militaire chinois et à la stratégie chinoise qui vise à intégrer les logiques économiques et commerciales à une démarche de sécurité. « Nous devons réfléchir à la manière de répondre, à tous les niveaux du spectre, à ce défi », a reconnu Randall Schriver, qui s’inquiète des équilibres dans la région. « Nous sommes à un moment charnière et les Etats-Unis doivent jouer un rôle, mais avec la perte de confiance américaine, on pense à Washington qu’il est temps de travailler de manière plus coopérative avec Pékin », a-t-il regretté, espérant que la coopération que Washington développe avec Pékin dans tous les domaines s’oriente effectivement vers l’assurance que l’émergence chinoise n’est pas une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité régionale, ainsi que pour une liberté réelle et concrète à laquelle les Taiwanais et les autres Asiatiques ont travaillé très dur. Le discours de ces intervenants intervient après la publication par le ministère de la Défense d’un rapport montrant un net accroissement du nombre de missiles pointés par Pékin en face de Taiwan, aujourd’hui chiffrés à près de 2000. Les panélistes présents sont ainsi tombés d’accord pour dire que l’avenir de l’île serait de plus en plus fonction de l’émergence de la puissance économique et militaire chinoise. Pour Lin Cheng-yi, chercheur à l’Academia Sinica et spécialiste de l’Europe et des Etats-Unis, Pékin tente d’utiliser sa nouvelle puissance économique comme un instrument pour la réunification. « Acheter Taiwan est moins cher que d’attaquer Taiwan. Et pour forcer Taiwan à la reddition, Pékin s’attaque à l’esprit des Taiwanais, plutôt qu’aux villes taiwanaises », a expliqué le chercheur. Enfin, Razeen Sally, directeur du Centre européen pour l’économie politique internationale, a noté que Taiwan n’a pas beaucoup d’autres alternatives que celle d’engager la Chine. « L’Asie de l’Est est de plus en plus dominée par la Chine, que cela nous plaise ou non. La question qu’il faut se poser, c’est de savoir si Taiwan saura préserver une identité distincte à long terme. »

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