Taiwan Today

Une interview de Pierre Bergé par la radio RTL lundi dernier a provoqué, à Taipei, une polémique sur la question de savoir si le musée national du Palais (NPM) aurait dû accepter les antiquités dont le collectionneur français voulait lui faire don, deux bronzes volés en Chine il y a 150 ans lors du sac du Palais d’été et dont la mise aux enchères en février dernier à Paris avait déclenché la furie des autorités chinoises. Lundi, Pierre Bergé a indiqué qu’il avait proposé d’offrir les deux bronzes chinois « au musée de Taiwan » et que celui-ci avait refusé d’accepter ces pièces « pour ne pas ouvrir une pomme de discorde [...] avec le continent chinois ». L’annonce de ce refus a provoqué la surprise à Taiwan, et, hier, Chou Kung-hsin, la directrice du NPM, a été interpellée par les députés qui voulaient en savoir plus sur cette affaire. Lee Ching-hua, député du Kuomintang, a demandé s’il était vrai que le musée avait reçu cette offre, ce à quoi Chou Kung-hsin a répondu avoir rencontré Pierre Bergé pour la première fois lors de son dernier séjour à Paris, en juin, et que celui-ci n’était à ce moment-là disposé « ni à vendre ni à donner » les deux pièces. Du point de vue éthique, a-t-elle poursuivi, le NPM ne doit pas intégrer dans ses collections des œuvres ou des reliques culturelles dont la provenance est controversée. Devant les réactions des députés qui, pour certains, s’insurgeaient de la décision du NPM, le Premier ministre Wu Den-yih a demandé à Chou Kung-hsin de se renseigner sur les intentions actuelles de Pierre Bergé et de réexaminer la question. Toutefois, a-t-il ajouté, même si le collectionneur voulait donner ces pièces à Taiwan, il faudrait prendre en considération les problèmes éthiques que poserait leur acceptation. Par ailleurs, le directeur du musée national d’Histoire, Huang Yung-chuan, s’est dit pour sa part tout à fait prêt à accepter les pièces si elles étaient données à l’institution qu’il dirige.