Taiwan Today

La consternation régnait au Bureau français de Taipei, la représentation de la France à Taiwan, comme du côté de la mairie de Keelung et du ministère de la Culture, après la découverte, dans l’enceinte du cimetière français de Keelung, dans le nord de l’île, de plusieurs pierres tombales et stèles gisant à terre – le résultat d’un acte de vandalisme systématique qui semble s’être produit mardi. Sur les 9 monuments rassemblés dans ce carré français et qui ont été inscrits au registre des monuments historiques il y a treize ans, 6 ont été détruits, certains brisés en trois morceaux, rapporte la presse insulaire. Averti très rapidement par la mairie de Keelung, le Bureau français de Taipei a déclaré s’en remettre aux autorités locales et aux services de police pour enquêter sur cette malheureuse affaire. Les déprédations ont vraisemblablement nécessité l’usage d’outils car les blocs de pierres poussés à terre étaient très lourds, deux d’entre eux, assez massifs, étant en granit, peut-on lire dans la presse taiwanaise. Les motivations du ou des responsables de ces destructions sont pour l’instant un mystère. Un appel à témoins a été lancé. Outre la tristesse causée par cet outrage, c’est une partie du patrimoine historique et culturel de Keelung qui a été gravement endommagé, déplorent les services de la culture de la ville. Elles datent en effet de la Guerre franco-chinoise (1881-1885) et de la prise par les Français du port de Keelung, en octobre 1884, un épisode peu connu de l’histoire des relations franco-chinoises. D’abord victorieuses, les forces françaises ne parvinrent à conserver leurs positions que quelques mois face aux armées de Liu Ming-chuan [劉銘傳], alors gouverneur de Taiwan. Quelque 700 officiers et marins morts pour la France y sont inhumés, indique une stèle dressée là en 1954 après une réfection du carré français. Nombre d’entre eux succombèrent en réalité durant cette période aux fièvres tropicales. Le cimetière, entretenu avec l’aide des autorités locales, est régulièrement visité par des représentants de la France, qui viennent en particulier y déposer une gerbe tous les ans le 11 novembre.