02/05/2024

Taiwan Today

Société

Une Vénézuélienne admise à l’examen taiwanais des boulangers-pâtissiers

24/03/2011
Vêtue de sa blouse blanche, elle a fait sensation dans le jury non pas grâce à son chinois, qu’elle parle pourtant couramment avec un léger accent taiwanais, mais bien grâce à sa maîtrise technique. Hilmar Arévalo, originaire du Venezuela, fait partie des candidats qui viennent de recevoir leur certificat professionnel de boulanger-pâtissier, à l’issue d’un examen national. « Ce sont les épreuves pratiques qui ont été les plus stressantes, j’avais très peur que mon pain brioché ne gonfle pas. Pour l’écrit, en décembre, j’avais révisé avec l’aide de ma fille aînée, en potassant les manuels en chinois. J’avais beaucoup de termes techniques à apprendre ! Pour les épreuves pratiques, comme je prenais des cours avec des maîtres-artisans depuis deux ans, j’avais de bonnes bases, mais j’ai travaillé dur les derniers mois pour m’adapter aux contraintes de l’examen. » En réalité, rien ne destinait Hilmar Arévalo à cette « carrière » : avocate de formation, elle est arrivée très jeune dans l’île, il y a une vingtaine d’années, après avoir épousé un Taiwanais rencontré aux Etats-Unis. A l’époque, elle ne parle pas du tout le chinois, et c’est comme professeur d’espagnol qu’elle débute, à l’Université Tamkang. Elle y enseignera pendant six ans avant d’être recrutée comme traductrice pour le magazine Taiwan Hoy. A ses heures perdues, elle met la main à la pâte, dans sa cuisine. « C’est ma passion, mon passe-temps. Le soir, je me mets aux fourneaux, je fais du pain, des gâteaux… » Un hobby qui lui permet, dit-elle, de faire face à la nostalgie de son pays. Il y a un an environ, elle ouvre un blog sur lequel elle explique en détail comment réaliser ses recettes préférées, avec de nombreuses photos. Immédiatement, à sa grande surprise, c’est un énorme succès. « J’ai plusieurs centaines de personnes qui naviguent sur mon site chaque jour, depuis le monde entier ! » Cette attraction, elle l’attribue à l’intérêt, dans le monde hispanophone, pour les recettes exotiques qu’elle propose. « Il n’y a pratiquement rien en espagnol sur le pain japonais, ni sur les autres spécialités asiatiques. » A Taiwan, il est vrai, la boulangerie-viennoiserie est largement inspirée de ce qui se fait au Japon. Elle a retroussé les manches et travaillé jusqu’à obtenir le résultat qu’elle souhaitait par exemple avec la brioche japonaise tricolore au thé vert et au chocolat, les sablés à l’ananas et les gâteaux de lune taiwanais ou encore les hotteok, des sortes de « crêpes » épaisses fourrées au sucre roux et à la cacahuète, une spécialité coréenne. « J’ai récemment acheté un livre de recettes coréennes traduites en chinois qui me permet de faire des expériences nouvelles. » Ce qui ne l’empêche pas de faire les gâteaux de son pays et d’explorer les recettes européennes ! Son pain de Dieppe a ainsi été remarqué par un journal espagnol en ligne qui lui consacre une page et une interview. Mais ce qui fascine aussi beaucoup les internautes qui suivent son blog à des milliers de kilomètres de distance, ce sont les informations qu’elle donne sur la vie et la culture à Taiwan, pense-t-elle. La suite de cette belle aventure ? « Je ne me sens pas encore prête pour ouvrir une boulangerie, bien que j’en aie maintenant la possibilité puisque j’ai obtenu ce diplôme. Mes amis et mêmes certains fans de mon blog me pressent d’écrire un livre de recettes. C’est un projet qui me fait envie, mais entre mon travail à plein temps et ma vie de famille, je n’ai pas vraiment le temps d’y penser… »

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