28/04/2024

Taiwan Today

Culture

Taiwan-Japon, la connexion artistique

28/05/2014
En conférence de presse lundi, Fung Ming-chu [馮明珠], la directrice du Musée national du palais (NPM), à Taipei, a estimé qu’en prêtant au Japon certains de ses trésors inestimables, Taiwan fait la démonstration de son « soft power ». « Nous espérons que les échanges culturels entre la République de Chine (Taiwan) et le Japon s’en trouveront stimulés », a-t-elle dit. Le NPM s’apprête à envoyer au Japon plus de 200 objets qui seront exposés du 24 juin au 15 septembre 2014 au Musée national de Tokyo, puis du 7 octobre au 30 novembre au Musée national de Kyushu. Le NPM a accepté de prêter 231 céramiques, jades, peintures, bronze, livres, etc., dont des objets très connus comme le chou chinois en jadéite avec insectes et le jaspe sculpté rappelant un morceau de viande, d’ordinaire exposés dans la salle réservée aux collections de « curiosités » des empereurs chinois. Ce sera la première fois que ces deux objets très populaires parmi les visiteurs du NPM quitteront Taiwan depuis leur transfert dans l’île depuis le continent, à la fin des années 40. Feng Ming-chu a aussi mentionné le prêt de Voyage de l’empereur Minghuang vers Shu, une œuvre à l’encre sur soie datant du 11e s. qui est particulièrement prisée des amateurs d’art japonais. En effet, l’histoire a retenu que la concubine préférée de l’empereur Minghuang – ou empereur Xuanzong [玄宗] (685-762) de la dynastie des Tang – a péri durant ce périple vers le pays de Shu (l’actuelle province du Sichuan), mais une légende japonaise raconte qu’elle aurait survécu et se serait réfugiée au Japon. « Il y a tant de connexions entre les cultures chinoise et japonaise », a dit Feng Ming-chu en rappelant par exemple les influences croisées dans la calligraphie, la broderie, les laques et la porcelaine. Le public japonais pourra aussi contempler la « Bibliothèque complète des quatre trésors », une importante collection d’œuvres littéraires produites à diverses époques dynastiques, ainsi qu’une calligraphie du poète Su Shih [蘇軾] datant de la dynastie Song (960-1279), de même qu’une sélection de pièces de céramique prestigieuses, entre autres. En retour, les musées japonais prêteront pour trois mois 150 de leurs plus belles pièces dont une estampe de Katsuhita Hokusai (1760-1849), La grande vague de Kanagawa, qui fait partie de la célèbre série des « Trente-six vues du mont Fuji », et une peinture sur soie datant du 12e s. de la déesse paon Kujaku Myoo qui est considérée comme un trésor national et n’a jamais été exposée en dehors de l’archipel nippon. Ces objets seront visibles dans les salles de la Branche Sud du NPM, à Chiayi, dans le sud de l’île, à partir d’octobre 2016. Cette collaboration inédite a été rendue possible par l’adoption par le Japon en 2011 d’une loi protégeant les objets culturels prêtés par des institutions étrangères contre toute saisie. Ce type de législation est considéré comme une condition sine qua non par le NPM qui se prémunit contre d’éventuelles tentatives de la part de la Chine de mettre la main sur des trésors qu’elle revendique comme siennes. Jusqu’ici, le NPM n’a prêté d’importantes expositions à l’étranger que quatre fois seulement, aux Etats-Unis en 1996, à la France en 1998, à l’Allemagne en 2003 et à l’Autriche en 2008. Avec des collections de plus de 680 000 pièces, le NPM abrite la plus importante collection d’art chinois au monde.

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