30/04/2024

Taiwan Today

Culture

Les langues aborigènes sont en voie de disparition, prévient Mayaw Dongi

21/08/2014
A l’occasion de la publication d’un Rapport national sur l’état des langues aborigènes produit par le ministère des Affaires aborigènes, le ministre Mayaw Dongi [林江義] a fait part de son inquiétude face au déclin constaté de ces langues et a appelé à faire renaître leur pratique. « La pratique de la langue est un élément fondamental dans la prévalence des cultures aborigènes. Lorsque cette langue disparaît, la tribu est aussi vouée à disparition », a expliqué hier le ministre qui présentait à la presse le rapport que ses services ont produit à l’issue d’entretiens menés avec plus de 120 000 aborigènes. « ll est de la responsabilité des locuteurs de sauver leur langue », a-t-il insisté. Sur les six principales langues et les 17 dialectes qui leur sont associés dont la pratique a été étudiée, soit le puyuma, le saisiyat, le sakizaya, le tao, le bunun et l’amis, le rapport mentionne que seuls 52,7% des locuteurs y ont recours de temps en temps dans leur vie quotidienne, alors que 89% s’expriment en mandarin à la maison. En ce qui concerne le puyuma seulement, 27% des personnes interrogées déclarent qu’elles l’utilisent régulièrement, 94% affirmant qu’elles parlent le mandarin dans leur vie quotidienne, ou le taiwanais pour 46% d’entre elles. Le rapport a également permis de découvrir que les locuteurs âgés de 41 ans et plus ont une meilleure maîtrise de leur langue, à l’inverse de ceux âgés de 31 à 41 ans, celle-ci étant très bonne pour les individus de plus de 60 ans. Quant à ceux âgés de moins de 30 ans, le rapport juge leur manque de maîtrise dans leur langue d'origine « inquiétant ». Le rapport note également qu’il existe une différence de pratique entre ceux vivant sur les terres traditionnelles des aborigènes et ceux vivant en milieu urbain. « Quoi qu’il en soit et quel que soit leur lieu de vie, on est bien obligé de noter que les Puyumas ne transmettent pas bien leur héritage linguistique », a regretté le ministre. Malgré tout, le rapport convoie aussi des nouvelles moins inquiétantes. Dans les zones ayant fait l’objet d’un programme de revitalisation linguistique depuis durée de trois ans, on peut constater une évolution positive. C’est le cas du kavalan, du sakizaya et du saisyat. « Les capacités d’expression dans leur langue d’origine de ces trois groupes a progressé et a même dépassé celles des autres groupes », s’est félicité le ministre. Ces trois langues avaient été désignées comme menacée d’extinction avec le thao, le kanakanavu, le laa’rua et trois dialectes rukai. Le ministre a enfin expliqué que ce rapport doit servir à identifier les langues en voie de disparition afin de définir des programmes de sauvegarde. Par exemple, a dit le ministre, certains projets vont permettre aux meilleurs locuteurs d’être désignés comme « mentor linguistique » pour plusieurs individus ou familles pour la pratique de leur langue. « Nous souhaitons également prendre en charge une partie du salaire des gardes d’enfants qui parlent les langues aborigènes, quand elles sont engagés par des familles aborigènes. Le salaire des enseignants de langues aborigènes dans les crèches sera également financés », a souligné le ministre. « Les politiques misent en place ne peuvent que ralentir le déclin de ces langues : les aborigènes doivent eux-mêmes prendre conscience de l’urgence de la situation », a conclu le ministre.

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